Lilian Marmousez : 17 ans, déjà adulte

Lilian Marmousez rêve d’une carrière professionnelle dans le tennis. Comme beaucoup d’adolescents. Sa différence : une maturité qui transparaît. C’est un jeune homme éclairé avec un parcours de vie particulier. Il a des convictions mais surtout des ambitions.

 

« La valeur n’attend point le nombre des années. » Lilian Marmousez n’a que 17 ans. Pourtant, il fait preuve d’une maturité impressionnante. Son discours est clair. Son regard est serein. Il a un seul objectif : devenir tennisman professionnel. Une aspiration que le jeune Picard travaille chaque jour, sans délaisser le reste. « J’ai fait le choix de continuer ma scolarité. Je suis en Première STMG. Au Centre national d’entraînement (CNE), on a cours par Skype de 8h à 9h45 avec un professeur. Mais aussi des études le soir pour réviser. » Du travail supplémentaire pris très au sérieux. Un contre-pied à ceux qui pensent que le sport de haut niveau rend bête. « Si je n’y arrive pas dans le tennis et je sais que c’est très difficile, j’ai encore les études. » Lucide. Sa carrière n’a pas encore commencé. Il a déjà mûrement réfléchi son avenir. « Si je ne deviens pas professionnel, je continuerai dans le tennis. C’est ma passion et je ne me vois pas faire autre chose. »

Lilian Marmousez évolue désormais avec Laurent Raymond, ancien coach de Llodra et Santoro.

 

Le corps est l’outil de travail du tennisman. Les blessures font peur. Il faut apprendre à l’entretenir. En prendre soin. Lilian Marmousez en a fait une priorité. « C’est important de connaître son corps. On fait de la musculation tous les jours. Je ne vois pas l’utilité de faire un exercice sans savoir ce qu’il va m’apporter sur le court. » Au CNE, où se réunissent les meilleurs joueurs français, tout est à disposition : kiné, bains chauds et froids, mais pas la cryothérapie, interdites aux mineurs. Chacun se prend en main. Pour lui, c’est une formalité. Une gestion quasi parfaite qui a permis au joueur du Tennis Club Clermont de l’Oise d’être épargné par les problèmes physiques. En plus d’une décennie sur les courts, il n’a connu « qu’une fissure aux vertèbres et une fracture de fatigue au pied. » Mais pour devenir sportif de haut niveau, le physique ne suffit pas. La partie mentale joue un rôle prépondérant. Lilian Marmousez, imperturbable, n’a pas peur de dire que sa carrière est prioritaire. « Il faut être égoïste. Mais pas que ce soit mal placé. Il faut penser à soi mais sans excès car on a aussi besoin des autres pour y arriver. »

 

Un départ prépondérant

Une responsabilisation très jeune qui l’a poussé à grandir plus vite. A seulement 12 ans, l’espoir du tennis a quitté sa Picardie natale pour rejoindre les autres talents de l’hexagone au CREPS de Poitiers (Vienne). « Partir si tôt de la maison lui a fait gagner en maturité. En vivant loin de chez lui aussi jeune, il a été forcé de se débrouiller. Même si nous n’étions jamais très loin, explique sa sœur aînée, Fideline. Les voyages et les contacts avec les sportifs lui ont apporté des choses que peu d’adolescents de son âge connaissent. » Vivre loin de sa famille peut être difficile. Désormais, il est habitué, et garde une proche relation avec ses parents et sa sœur.

Quatre ans plus tard, il continue son parcours fédéral et intègre le CNE à Paris. Un changement d’univers. « J’étais le plus grand à Poitiers. Maintenant, je suis le moins fort. Je m’entraîne à côté ou avec des joueurs comme Gilles Simon ou Richard Gasquet » analyse sereinement Lilian Marmousez. Une évolution importante dans sa vie. Le sélectionneur de l’équipe de France juniors, Bruce Liaud, louait son évolution, au Parisien, quelques mois après son arrivée dans la capitale : « Lilian a pris en maturité ».

 

« Je me prépare pour être professionnel »

Une évolution dans son tennis aussi. Le joueur de 17 ans a réalisé un début d’année prometteur avec une première expérience « très positive » en Australie. Les résultats ne sont pas ceux espérés par ce travailleur insatisfait. Quatre défaites en autant de rencontres sur le circuit adulte. Paradoxalement, l’objectif est ailleurs. « Je ne joue pas en fonction du résultat. Je me prépare pour être professionnel. » Pourtant, Lilian Marmousez fait partie des meilleurs. Il est 20e mondial de sa catégorie d’âge, les joueurs nés en 2002. Il est aussi champion d’Europe par équipes. Son meilleur souvenir sur un court. « Je n’avais pas joué depuis 2 mois à cause d’une blessure. J’ai remplacé Harold Mayot. Ce n’était pas un match décisif mais je sentais que je n’avais pas le droit à l’erreur. Je n’ai pas joué mon meilleur tennis mais émotionnellement c’était très fort. »

17 ans seulement et des expériences de vie qui ferait pâlir des quinquagénaires. Lilian Marmousez mélange fougue et calme, jeunesse et maturité. Il est en avance sur son âge, prend à contre-pied les stéréotypes et avance sans pression vers son objectif : la victoire à Roland-Garros.

Pour voir Lilian Marmousez en match : https://www.youtube.com/watch?v=j1GkWOKGdKY

Paul LOPEZ

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