Yasmine Mansouri : de Tunis au tennis

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Le tennis de frère en sœur

Yasmine n’est pas la seule Mansouri à jouer au tennis. Son frère aîné, Skander, est joueur professionnel. C’est un modèle pour la jeune espoir franco-tunisienne.
Yasmine Mansouri en compagnie de son frère aîné, Skander, juste avant le tournoi de Wimbledon 2018. PHOTO RIM MANSOURI

 

 

 

Mêmes cheveux bruns et bouclés, mêmes sourires et mêmes regards. Yasmine et Skander Mansouri se ressemblent beaucoup. Mais c’est le tennis qui les rapproche le plus. « C’est grâce à mon frère que j’ai commencé à l’âge de trois ans, raconte la jeune fille. Peu à peu il m’a fait aimer ce sport. » Le joueur de 23 ans a quant à lui débuter en beach tennis sur les plages de Tunisie, pays dans lequel ils ont tous les deux grandi.

En mai 2018, Skander est devenu champion universitaire des Etats-Unis. « Il a eu un beau parcours chez les Juniors et après il a décidé d’aller à l’université de Wake Forest, en Caroline du Nord, confie sa sœur avec admiration. Il y est resté quatre ans. Depuis l’année dernière, il est diplômé et il se consacre au tennis. Pour l’instant, ça se passe bien. Je suis heureuse pour lui.  »

Comme son frère, Yasmine a dû quitter la Tunisie et ses parents, Rim et Hichem, pour pratiquer sa passion. « Au début, l’éloignement est compliqué, admet-elle. Honnêtement, il y a toujours des moments où je me dis que ce serait beaucoup plus facile si j’étais avec eux. Mais je leur téléphone tous les jours. Je vais aussi les voir régulièrement et si j’ai besoin de rentrer, je peux le faire à tout moment. »

Yasmine et Skander vivent loin de leur pays natal mais y reviennent grâce au tennis. « En mars-avril,  j’ai participé à trois tournois en Tunisie. Mon frère était aussi là-bas pour une compétition. Toute la famille a pu se retrouver. »

« Faire Roland Garros avec Skander, j’en parle depuis toute petite  »

Entre les deux joueurs, il y a beaucoup de complicité. « Skander voyage un peu partout dans le monde pour les tournois, indique Yasmine. On se voit quand même car il s’entraîne à Paris régulièrement. Sinon on s’appelle souvent. »

La jeune femme est admirative de son frère. « C’est mon modèle, déclare-elle avec des yeux pétillants. Je vais essayer de faire aussi bien que lui. J’espère qu’on pourra jouer ensemble sur le circuit le plus tôt possible. »

La joueuse de 17 ans a même un rêve en particulier: « Ce serait énorme de disputer Roland Garros avec lui et de faire le double mixte. Depuis que je suis toute petite j’en parle! »

Jean-Marie Tenenhaus, entraîneur de Yasmine Mansouri, considère que Skander est une source de motivation pour sa sœur. « On échange souvent à propos de son frère. En plus, en ce moment, il joue plutôt pas mal. Il est dans une bonne dynamique. »

Le coach pense même qu’avoir cet exemple aide sa joueuse à construire sa propre carrière. « Cela lui permet de comprendre des choses, de voir ce qu’elle souhaite faire. Elle peut observer comment son frère arrive à performer avec un parcours différent. C’est enrichissant pour elle. »

Skander Mansouri est actuellement 465e au classement ATP[1], son meilleur résultat. En fin d’année, Yasmine espère l’imiter en intégrant le top 400 WTA[2]. « Pour l’instant je suis à la 793e position. Mais il me reste encore toute l’année pour y parvenir. J’ai encore le temps », affirme-t-elle avec sérénité.

Déborah Adoh

 

 

[1] Classement des joueurs professionnels de tennis

[2] Classement des joueuses professionnelles de tennis

 

 

Jean-Marie Tenenhaus : « Yasmine est sur la bonne voie mais doit être plus régulière »

Arrivé en septembre 2018, le coach de Yasmine Mansouri, veille à construire une relation de confiance avec la joueuse et ses parents. Objectif : permettre à Yasmine de concrétiser son ambition, devenir n°1 mondiale.
Jean-Marie Tenenhaus (à droite) observe Yasmine Mansouri pendant une séance de boxe. PHOTO DEBORAH ADOH

 

Jean-Marie Tenenhaus, vous entraînez Yasmine Mansouri depuis cette saison. Etes-vous satisfait de son évolution ces derniers mois ?

Elle est sur la bonne voie, elle avance bien. Elle s’est blessée aux abdominaux en janvier. C’est dû à une accumulation de matchs. On est allé disputer l’Open d’Australie Junior et elle a fait un tournoi de préparation avant. Elle a super bien joué et s’est hissée en demi-finale en simple et en double. Mais il y avait des conditions de vent importantes donc elle a beaucoup sollicité ses muscles. Les blessures abdominales sont longues à soigner. Yasmine a été patiente et on a pris le temps pour que ça guérisse. Cette blessure nous a retardés pour les compétitions mais elle nous a permis de travailler d’autres points.

Votre joueuse a changé de coach à plusieurs reprises depuis qu’elle est au Centre National d’Entraînement. Comment s’est passée l’adaptation à votre arrivée en septembre dernier ?

D’abord, il a fallu installer une relation de confiance avec elle. C’est comme ça dans tous les domaines. Vous ne pouvez pas avancer sans cela. J’ai appris à connaître Yasmine, son parcours, ses origines, ses ambitions. Et puis, elle aussi a dû apprendre à me découvrir. C’est un long chemin tranquille.

Elle a pour ambition d’être un jour n°1 mondiale. Quels sont vos axes de travail pour l’accompagner vers cet objectif ?

Elle a un bon état d’esprit donc il faut le maintenir pour continuer à progresser. Après, elle doit être plus régulière dans l’effort et rester concentrée. Yasmine est une jeune fille pleine de vie. C’est un avantage mais il y a aussi des inconvénients. Elle a du mal à se centrer sur quelque chose de précis et pendant un long moment. Donc elle a tendance à se disperser. On essaye de canaliser cette énergie débordante et de la mettre au service de l’efficacité.

Les parents de Yasmine, Rim et Hichem Mansouri, vivent à Tunis. Comment gérez-vous l’éloignement ?

J’échange beaucoup avec eux. Elle va les voir le plus souvent possible et joue plusieurs tournois dans l’année là-bas. On ne peut pas faire sans les parents. C’est eux qui connaissent le mieux Yasmine. Ils sont partie prenantes du projet. Toutes les semaines, je fais un point par téléphone avec eux. Ça peut durer deux heures ou deux minutes mais cela me paraît essentiel.

Déborah Adoh

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