Léo Cohen-Bacrie : Une précocité à dompter

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Léo Cohen-Bacrie a connu une année 2019/2020 compliquée. A seulement 14 ans, une longue blessure l’a écarté des courts avant l’arrivée de l’épidémie de coronavirus. Mais ce jeune joueur talentueux de 1,83 m garde le moral.

« Le plus important commence à 16 ans. Petit à petit, je le comprends et je me mets moins de pression. Corentin Moutet (75e ATP) m’a donné de bons conseils à ce sujet. » Léo Cohen-Bacrie profite déjà des remarques avisées de ses aînés. A 14 ans, il est le cadet du Centre national d’entraînement (CNE) de la Fédération française de tennis, la meilleure structure pour apprendre le tennis en France. L’entrée au CNE se fait normalement un ou deux ans plus tard, mais son entraîneur Philippe Pech justifie cette arrivée prématurée : « C’est une mesure d’exception pour Léo même s’il n’y a pas d’âge défini. C’est un Parisien, il est donc géographiquement très proche de ses parents et c’est donc plus facile de l’accueillir plutôt qu’un jeune lillois ou un jeune brestois. Mais c’est aussi un joueur très intéressant. Il a quelque chose de plus que les autres. »

Le jeune droitier est arrivé en septembre 2019 dans la structure de la FFT, lors de son entrée en classe de quatrième. L’école par correspondance via le CNED n’est pas une nouveauté pour lui car il l’a découverte un an auparavant, lorsqu’il était au Comité des Hauts-de-Seine qui regroupe les meilleurs joueurs régionaux. En revanche, il n’avait encore jamais connu la blessure. Celle qui peut du jour au lendemain, vous obliger à lâcher la raquette pendant plusieurs mois. « Il a eu une ostéochondrite, une maladie de croissance du cartilage du coudre droit. On sait que pour le tennis, un problème au coude, même jeune, ça peut-être très embêtant, explique Christophe Ceccaldi, le kiné qui a suivi toute sa rééducation. On s’est vite aperçu que ça allait être long. C’est compliqué de gérer ces moments, surtout à son âge. Heureusement, Léo est dans une structure familiale avec des parents qui ont tout de suite compris qu’il fallait prendre son temps. Cette blessure aurait pu l’éloigner du tennis de haut niveau », poursuit le kiné du CNE.

« J’en ai profité pour m’améliorer physiquement »

Léo Cohen-Bacrie

Une maladie de croissance pour un collégien de 1,83 mètre n’a rien d’étonnant. Mais ne pas jouer au tennis pendant trois mois et demi et enchaîner sept mois sans compétition, peut freiner la progression d’un jeune. Léo Cohen-Bacrie assure pourtant ne pas avoir perdu son temps : « Je ne pouvais rien faire avec mon bras mais je pouvais courir. J’en ai profité pour m’améliorer physiquement. Je pense avoir gagné du temps dans ce domaine par rapport aux autres joueurs. » Cette longue blessure est désormais derrière lui. C’est en tout cas l’avis de Christophe Ceccaldi. « On a beaucoup travaillé en piscine, ce qui a permis de diminuer les chocs au niveau de son coude. Suivant le résultat des IRM, on augmentait la charge de travail. Cela a été long mais très bien géré par sa famille et la fédération, notamment son entraîneur Philippe Pech. Léo ne devrait donc avoir aucune séquelle. »

Après sept mois sans compétition, la reprise des tournois n’a pas été facile. Le champion d’Île-de-France 2019 n’a pas pu montrer l’étendue de son talent au tournoi de Tarbes « Les Petits As », le mondial des moins de 14 ans. « Il a perdu rapidement, au deuxième tour (contre Federico Cina 6-3 6-4, NDLR). Il s’est mis la pression et ça l’a rendu très nerveux. Il n’était qu’à 70 % de ses moyens, mais il ne les a pas exploités au maximum », analyse son entraîneur Philippe Pech. Léo Cohen-Bacrie est encore plus sévère. « J’étais en manque de repères. J’ai fait n’importe quoi, j’étais stressé. »

Il continue de s’entraîner malgré le coronavirus

La suite de son retour en compétition est prometteur. « Par moment, il montre ce dont il est capable mais manque de constance dans son niveau de jeu moyen. Il a des hauts, très bons. En revanche, quand il a des creux, ils sont trop bas. Il donne trop de points. Mais c’est une question de maturité, de compréhension et je suis persuadé que, petit à petit, ça va changer », juge Philippe Pech. Malheureusement pour le désormais 46e joueur européen des moins de 14 ans (il a perdu une vingtaine de places suite à sa blessure), l’épidémie de Coronavirus a stoppé sa montée en puissance. Léo Cohen-Bacrie a tout de même trouvé une solution pour s’entraîner. « Je ne vais plus au CNE mais il y a des terrains privés à côté de chez moi. J’ai de la chance, ils sont à moins d’un kilomètre donc je peux jouer là-bas », explique le champion de France U12 de 2018.

Fan de Gaël Monfils et Novak Djokovic, Léo Cohen-Bacrie reste lucide pour la suite de sa carrière. Sa mère, Isabelle, également. « C’est bien d’avoir un rêve. Lui veut être professionnel. On avance année après année puis on verra bien. C’est un parcours long et difficile. » Plus précisément, le rêve de Léo est de gagner un Grand Chelem comme Roland Garros. D’autant que sa surface préférée est la terre battue. Mais après tout, Léo n’a que 14 ans et comme il le dit, « le plus important commence à 16 ans. »

Charles Yzerman

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