Tiago Pires, un instinct de tennis

À 15 ans, Tiago Pires, 900e mondial junior a connu une année calvaire. Entre blessure, drame familiale et Covid-19, les 12 derniers mois ont été jonchés de ronces. Aujourd’hui, le jeune homme attend le retour des compétitions avec impatience. Pour continuer de rêver.

Sans coup fort significatif, la force de Tiago Pires réside dans sa capacité à tenir l’échange. Crédit photo : Marie Gdn


16 décembre, fin d’après-midi, le soleil se couche sur Poitiers. Tiago Pires, lui, n’est pas près d’aller au lit. De retour au CREPS après une IRM de contrôle, le jeune espoir broie du noir, les nouvelles n’ont pas l’air bonnes. « Sur les images, j’ai toujours un décollement osseux. » Heureusement, très vite, son entraîneur Bruce Liaud le remobilise. « C’est souvent le cas sur ce type de blessure mais tu es guéri », lui glisse-t-il. Il n’en fallait pas plus à l’adolescent. Baskets aux pieds, grip en main, le natif de Charvieux retape, quelques heures plus tard, dans la balle. Il ne l’avait plus fait depuis le 11 octobre. Une éternité. « On a commencé en balle intermédiaire, dans les carrés de service. Peu importe ce que je faisais. J’étais juste, très content ! » Après deux mois de galère à soigner une blessure de fatigue au coude droit, l’actuel 900e à l’ITF junior pense reprendre sa marche en avant. Mais très vite, les ennuies reviennent. « Je n’ai pas pu rentrer chez moi, pour les fêtes de fin d’année. Toute ma famille avait le Covid-19. Un ami m’a accueilli. C’est dur de passer mes seules vacances loin de ses proches. » Noël n’avait donc ni goût ni odeur pour Tiago Pires. Et dans ces moments-là, l’entraîneur prend une place toute particulière. « Il a vraiment été présent. On s’appelait quasi quotidiennement. Pour ça, je le remercie », « Ça reste des ados qu’on doit humainement suivre ! », poursuit son mentor.

 » j’ai juste envie de ne pas perdre « 


Et vous connaissez l’adage. Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal. Fin février, le tennisman perd sa grand-mère, qui se battait contre un cancer depuis un an et demie. « Elle était très importante pour moi, elle m’a élevé et accompagné. Mélancolique, Tiago poursuit. Je n’ai peut-être pas assez parlé de la situation. J’ai peut-être voulu gérer les choses trop tout seul. » Difficile donc d’être à 100 % dans une saison plus décousue que jamais. Une semaine en Estonie par-là, quelques jours en Autriche par-ci sans jamais enchaîner. « Au mois de mars, j’e voulais vraiment faire plaisir au coach. » Mais la tête ailleurs que sur le cours, forcément, les résultats ne suivent pas. « J’ai juste envie de ne pas perdre. Cet été, dans le sud de la France, j’avais envie de gagner ! », analyse-t-il.

Enchainer pour se jauger

À Bergerac, Dax ou Biarritz, sous le soleil du Sud-Ouest, le Charvieuland n’avait pas le temps de réfléchir. « Dans ce contexte, il est très très bon ! », flatte Bruce Liaud. Alors, le binôme n’attend qu’une chose. « Une série de 10 compétitions sur trois mois, pour clore cette période interminable. Pour se jauger et savoir si son classement n’est pas un peu trop bas mais « je n’ai pas trop de doutes là-dessus », confie le responsable. Tiago Pires veut batailler avec son tamis pour reprendre les reines de sa vie et garder son objectif intact. Intégrer le top 100 mondial avant ses 20 ans. Le compte à rebours est lancé.

Arthur Braymand

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