Mathys Erhard, talent brut

À 17 ans, Mathys Erhard fait partie des tennismans les plus prometteurs du pays. Champion de France catégorie 15/16 ans, le joueur classé -4/6 avance pas à pas vers le circuit professionnel au sein du Centre National d’Entraînement de la FFT. La tête sur les épaules, un cadre parfait, Mathys peut commencer à rêver.

Il se lève aux alentours de 8 heures et part faire un footing de 30 minutes. À jeun. Au retour, Mathys avale rapidement le petit-déjeuner et part s’entraîner. La journée est dédiée à ses qualités tennistiques. Deux heures sur le court le matin. De nouveau deux ou trois heures l’après-midi, suivies par des séances de physique ou de cardio. Un peu de cryothérapie pour récupérer. Une à deux heures de travail scolaire et la journée se termine. Un rythme de vie à la limite du stakhanovisme, mais qui ne semble pas déranger le garçon d’1m89 pour 82kg. «  J’ai choisi ce mode de vie là. Je sais que pour être fort il faut faire des sacrifices. Tous les champions ont du en faire, donc j’en ferai sans hésiter. »

« J’ai à peine fait la moitié du chemin »

Alors qu’à son âge, de nombreux autres garçons pensent à sortir en boite, à jouer aux jeux vidéos, à traîner avec ses potes, Mathys trace sa route. Quoi de mieux que le CNE pour l’aider dans sa quête du haut-niveau ? « Avant, je voyais le Centre comme une chose presque inatteignable. Mais maintenant, je regarde en arrière et je suis fier de moi, même s’il me reste beaucoup à parcourir. J’ai à peine fait la moitié du chemin. »

La route est longue et tortueuse jusqu’au circuit ATP. Pour l’aider, le CNE lui a fourni deux coachs. Younes el Aynaoui et Laurent Raymond. « Ils sont très complémentaires. Younes a été un très bon joueur de tennis, il a fait 22e mondial. Il a réussi sans ne rien avoir à la base. Il sortait un peu de nulle part. Il essaye de transmettre le fait de se battre, de s’accrocher. Laurent est un coach méticuleux. Il se penche beaucoup sur les détails tennistiques. C’est précieux d’avoir un coach comme ça. ».

Mathys est un diamant à polir.  Il le sait. Son niveau optimal est loin d’être atteint. « C’est bizarre de dire ça mais je pense que je suis trop gentil en général. Je ne m’énerve pas contre les gens. Et sur le court il m’arrive des fois de laisser mon adversaire m’écraser. Pas forcément au niveau du jeu mais mentalement. Je ne me révolte pas assez je pense. » D’un naturel calme, le Toulousain de naissance apprend à forcer son tempérament. Au tennis, la force mentale est primordiale. Encore plus quand le style de jeu est basé en partie sur la répétition des efforts. Le cas du jeune homme aux origines antillaises « Mon point fort sur le court ? Mon endurance. J’essaye de mettre beaucoup d’intensité sur une longue période. Je cours assez vite et je couvre bien mon terrain. ». Mais des sautes de concentrations pendant les matchs arrivent trop souvent selon lui. Pour y remédier, cela passe aussi par le comportement en dehors du terrain. « Il faut que je reste focus à l’entraînement et au quotidien pour que cela devienne automatique en match. ». Connaître ses défauts est le premier pas vers le succès.

Coup de foudre sur le court

Très jeune, Mathys sentait qu’il allait vivre une belle histoire d’amour avec le tennis. « J’étais en club et mes parents jouaient au tennis en loisir, mais ils n’étaient pas très forts, glisse-t-il dans un sourire nostalgique, je jouais avec ma sœur, et quand j’ai commencé l’entraînement je faisais toujours partie des meilleurs. J’ai directement accroché ». Pas besoin de passage chez la conseillère d’orientation pour Mathys. Ce sera le tennis. Il quitte l’école en 2018 à la suite d’une défaite au premier tour de Roland Garros junior. Après avoir remporté le premier set 7-6 et breaké dans le deuxième face au numéro 1 mondial Sébastian Baez, Mathys craque et encaisse 10 jeux d’affilées. Sur ce match, il séduit la Fédération qui lui propose de venir se perfectionner au CNE « Sans réfléchir j’ai dit oui. Pour moi c’est un rêve, c’est la meilleur structure en France pour les sportifs de haut-niveau, du moins pour le tennis. »

Un rêve qui en appelle d’autres. « J’aimerais bien vivre du tennis. Gagner Roland Garros car ce tournoi représente beaucoup pour moi. J’aime beaucoup l’Open d’Australie aussi. C’est lointain, différent, ce n’est pas un endroit où on a l’habitude d’aller. C’est un peu exotique on va dire, j’ai envie d’écrire mon nom là-bas. ». Pour y arriver, il faudra devenir un grand champion. Comme Nadal, Federer ou encore Djokovic. Quand on pose la question à Mathys sur ce qui les rend si uniques, la réponse est instinctive. « L’humilité. Même si ils ont beaucoup de résultats, ils savent toujours respecter l’adversaire. Tu vois qu’ils sont honnêtes avec eux-même. Je pense que c’est dans leur rigueur de tout les jours, leur implication au quotidien, qu’ils arrivent à contrôler mieux que les autres les petits détails». Des détails qu’il devra apprendre à son tour à maîtriser. Pour peut-être devenir le successeur de Yannick Noah à Porte d’Auteuil.

Mathieu Sanchez

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