Louis Lechevretel reprend le « court » de sa vie

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Revenu d’une longue maladie qu’il préfère taire, le tennisman de 20 ans retrouvait la compétition à l’occasion du Master Universitaire organisé en décembre à Marcq-en-Barœul. La lumière au bout du tunnel et une renaissance sportive pour Louis Lechevretel, déterminé à vaincre chaque épreuve de la vie par un coup gagnant. 

Au milieu des visiteurs et des organisateurs, impossible de manquer l’inscription « France » dans le dos de sa carrure impressionnante. Louis Lechevretel est là, accoudé à une table, à l’entrée du complexe de la Ligue des Flandres de Marcq-en-Barœul. Le jogging est bien ajusté, les traits du visage sont tirés. La France vient de terminer à la cinquième place du Master’U mais le gaillard sourit : « Je suis surtout content d’avoir joué sous une ambiance de dingue et d’avoir profité de ce moment. » Une déclaration étonnante venant d’un jeune homme de 20 ans, mais loin d’être le fruit d’une lassitude patente.

Louis Lechevretel est surtout heureux de retrouver les courts après un long combat contre la maladie, de « fin février à début septembre ». La nature du mal ? Le sportif balaie le sujet d’un revers de la main : « Je ne veux pas trop m’étendre sur cet épisode. Je n’ai pas envie d’en faire des tonnes sur le sujet, je suis là pour jouer au tennis », expédie-t-il, toujours avec le sourire.

Court et cours font la paire

Durant cette période de convalescence, la perspective d’arrêter sa carrière ne lui a jamais traversé l’esprit : « Je relativise très vite. Il faut dire que je suis très bien entouré, que ce soit par mes parents ou mon coach. » Impossible pour lui de raccrocher alors que sa vie rime avec tennis. Impossible, surtout, de changer un quotidien rythmé depuis plus de seize ans. « Je joue à l’US Wissous depuis mes 4 ans, toujours avec le même entraîneur, Achraf Okasha », détaille le tennisman. Il suffit de le regarder droit dans les yeux pour comprendre la passion qui l’habite. S’il concède que son BTS Commerce International n’est entrepris que « par sécurité », il ne manque pas de rappeler son sérieux : « Je fais ça à distance et tout se passe bien. Ma priorité reste le tennis mais j’essaye de suivre les cours en même temps. Allier mes études et ma carrière, c’est une question de motivation. »

C’est d’ailleurs lors d’une période charnière de sa scolarité que Louis Lechevretel tire une conclusion décisive : « L’année du bac, j’étais niveau 0 et physiquement très limité. Je sentais que je devais travailler mon physique pour progresser. Ne pouvant pas trop bouger à cause des examens, j’ai profité de l’occasion pour y remédier. J’ai fait six mois de préparation et je jouais deux à trois fois par semaine. Je ne faisais que du physique à côté, deux fois par jour. À mon retour et dès mon premier tournoi, j’ai battu des mieux classés et j’ai tenu tête durant trois sets à un -15. » Bien lui en a pris : son bac en poche, il pouvait alors célébrer sa progression à -4. Loin d’être inconciliables, le sport et les études peuvent être à l’origine d’un tournant.

La cinquième place de la France au Master’U n’entame pas le sourire de Louis Lechevretel. Photo Pascal Lefebvre

Première sélection en équipe de France

Ce sont des décisions de ce genre qui lui permettent d’honorer sa première sélection avec la France, à l’occasion du Master’U en décembre. Un moment fort et spécial pour lui, à plus d’un titre : « C’était tout simplement mon retour sur les courts. J’ai repris l’entraînement en septembre et je me sens à 100% aujourd’hui. » Son quotidien, avant la maladie, était alors le Circuit National des Grands Tournois (CNGT) et les tournois Futures en Turquie ou en Croatie. Au moment de la proposition de Cyrille Monet, co-capitaine de l’équipe pour la fédération française du sport universitaire, Louis Lechevretel n’hésite pas une seconde : « Je lui ai dit que j’étais intéressé et que je me sentais prêt. J’avais prévu de reprendre à Montluçon la semaine d’après mais le timing était parfait. » Alors, certes, sa longue convalescence l’a fait chuter dans son classement, passant de -15 à -4 et le faisant reculer à la 1446ème place à l’ATP. Certes, il ne doit sa présence au tournoi qu’à la défection de deux joueurs et Cyrille Monnet lui a révélé qu’il ne jouerait que des doubles. Mais dans une compétition pareille, chaque occasion de prouver sa valeur doit être saisie. Et Louis Lechevretel n’a pas tardé.

Objectif 800 à l’ATP

« La cause du succès ou de l’échec relève beaucoup plus d’une attitude mentale que d’une capacité mentale », écrivait le poète écossais Walter Scott. C’est ce qui a fait la différence chez le tennisman français : le mental. « Ma maladie m’a considérablement endurci », admet-il. Et une fois son premier double terminé, lorsque les capitaines de l’équipe font appel à lui pour l’ultime rencontre face à la Grande-Bretagne, le Francilien prend ses responsabilités : « Je m’en sentais capable. Si je n’étais pas là pour l’équipe, je serais resté à la maison. Je savais que j’étais prêt à rejouer des matchs importants. Il y avait beaucoup de pression et le manque de compétition m’a fait commettre quelques erreurs. Reprendre sous le maillot de la France dans des conditions pareilles, c’était une expérience incroyable. J’ai eu un manque de lucidité et, malheureusement, ça s’est joué à quelques détails. » 

Le regard est vif, le sourire toujours aux lèvres. Rien ne le perturbe. Pas même l’horizon qui se profile. Il embraye sur le programme des semaines, des mois, des années à venir : « Je repars sur les mêmes objectifs que l’an dernier, c’est à dire être dans les 800 à l’ATP et un numéro français. J’avais débuté sérieusement les Futures et pris mon premier point ATP en Turquie. J’aimerais commencer les Challengers dans deux ans mais tout dépend de ma progression. »

Dans un week-end de compétition, il y a des satisfactions et des confirmations. Au milieu des espoirs universitaires mondiaux et sous le regard des spectateurs, impossible de le manquer. Mis en lumière par ses performances, Louis Lechevretel a repris le « court » de sa vie.

Jérémie Bernigole

Louis Lechevretel : « Je pense même avoir progressé »

 

Le combat contre la maladie remporté, Louis Lechevretel n’a plus que la balle jaune en tête. Son objectif ? Roland-Garros. Photo Jim Tesson

Quatre mois après son retour à la compétition, l’Antonien donne de ses nouvelles et évoque Roland-Garros.

On vous a quitté en décembre sur de belles promesses. Où en-êtes vous aujourd’hui ?

« Mes résultats sont en dents de scie. J’ai participé à deux tournois CNGT sans rien faire d’extraordinaire. Puis, à Chartres, je sors en demi-finale contre Gleb Sakharov (n°26). Ces dernières semaines, j’étais en Égypte où j’ai d’ailleurs rejoué Gleb pour une nouvelle défaite. C’est un peu dur pour le moment. »

Comment vous sentez-vous ?

« Les sensations sont revenues. Il y a encore des moments où c’est un peu dur physiquement, mais ça va. J’ai retrouvé mon niveau et je pense même avoir progressé. À mon retour, j’étais classé -4 et, après mon tournoi à Chartres, j’ai retrouvé mon rang à -15. J’ai même été approché par une nouvelle marque ! Ça faisait partie de mon plan de progression et j’ai signé un contrat il y a un mois. C’est un engagement vestimentaire, ça me soulage sur le plan financier. Tout va bien, vraiment ! »

Comment retrouve-t-on son niveau après une longue absence ?

« L’entraînement, tout simplement. J’ai repris progressivement, sans rien lâcher, sans jamais douter. Rester déterminé, ne pas se décourager et ça viendra. C’est un état d’esprit à adopter. »

Quelles sont vos futures échéances ?

« Je débute prochainement les matchs par équipes. Cet été, j’enchaînerai sur des Futures. Je pense beaucoup à l’étranger. Le niveau est vraiment super fort en France, c’est compliqué de se lancer. Alors pourquoi pas la Belgique, l’Égypte ou encore la Serbie ? Rien n’est fixé. »

Roland-Garros arrive à grands pas… Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

« C’est un objectif. En tant que Français, c’est le tournoi le plus important. J’ai grandi avec. Quand tu es petit et que tu suis le tennis, tu regardes Roland-Garros. Le reste n’existe pas. Le tennis, tu le découvres grâce à Roland. »

JB

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