Lilian Marmousez, une pousse prête à éclore

 

 

 

Après une bonne récolte en 2017, Lilian Marmousez comptait faire fructifier l’expérience acquise, dans les serres du Pôle tennis France de Poitiers et du Centre National de l’Entraînement. Même si son printemps n’est pas aussi fleuri que prévu, le jeune Picard n’en garde pas moins la volonté de percer dans un sport qui représente beaucoup pour lui.

Il a 16 ans et touche de près le haut niveau. Lilian a commencé le tennis à 5 ans : « En regardant mon père jouer, j’ai su que c’est ce que je voulais faire. » C’est le seul sport qui le fasse vibrer, celui qui le pousse « à être offensif, à produire du jeu », même s’il avoue s’autoriser de temps en temps une partie de football avec ses amis proches.

En intégrant le pôle Tennis du Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) de Poitiers, il y a quatre ans, Lilian est entré dans un nouveau monde, celui de l’excellence : « Quand je suis passé au CNE, j’étais content car c’est par là que sont passés tous les meilleurs joueurs de tennis français, ceux qui représentent la France en Coupe Davis. »

Hors du cocon familial, la chrysalide poursuit sa métamorphose. Lilian s’épanouit dans le pôle pictavien et dispose ponctuellement des installations de pointe du Centre. « En arrivant à Poitiers, je sentais que j’étais sur la bonne voie. Tu sens que tout est fait pour te permettre de progresser au maximum, comme au CNE, le suivi médical est super. »

 

 « Tout est fait pour te permettre de progresser »

 

Le site du XVème arrondissement de Paris, siège de la Direction Technique Nationale, dispose entre autres d’une salle dédiée au travail en hypoxie pour reproduire les conditions de jeu à plus de 1000 m d’altitude, comme lors de nombreux tournois en Amérique du Sud : « Le souffle, ça se règle vite, par contre, il faut un temps d’adaptation pour les effets et la longueur de balle. »

Photo Sébastien Boyer, Université de Rennes

 

 

A Poitiers, il a aussi hérité d’un entraîneur fédéral, Bruce Liaud, rejoint un an plus tard par Nicolas Job, entraîneur physique. Le coach du CREPS a accueilli, avec plaisir, ce jeune diamant en devenir, qui ne demandait qu’à être poli, taillé : « Il a gagné en maturité et en régularité, il a un jeu très complet avec une très bonne main. Franchement, sur un bon jour, il sait tout faire !»  Plus qu’un entraîneur, Bruce s’avère être aussi un soutien de poids quand le manque de confiance se fait sentir : « C’est un garçon enjoué, pétillant, hyper positif, même si, là, il est dans une période plus délicate. Je lui rappelle qu’il n’est pas là pour rien. »

Après un bon cru 2017, qui l’a vu gagner le Dijon Lac Kir Open et l’Open St Grégoire, Lilian Marmousez entamait, plein d’espoirs, cette nouvelle saison.  Mais 2018 ne répond pas vraiment pour le moment aux attentes du jeune Picard et aux objectifs qu’il s’était fixés avec son coach. Après un quart de finale à l’Open indoor de Siaulai, en Lituanie, fin février, il participe à ses deux premiers tournois Future, passant même deux tours de qualification au tournoi de Poitiers et frôlant l’entrée dans le tour principal. Car ce jeune papillon souhaite voler de ses propres ailes parmi les adultes…

« J’y consacre toute mon adolescence ,

le tennis fait partie de ma vie ! »

Mais comme le dit le proverbe, « février trop doux, printemps en courroux ». Les mois suivants ne permettent pas à ce beau bourgeon de fleurir comme prévu. En effet, Lilian enchaîne avec une tournée sur terre battue un peu décevante. La surface phare du tennis printanier n’est pas spécialement sa tasse de thé : « Jouer sur terre, c’est l’occasion de travailler la cadence de fond de court, les longs échanges ou le lift, mais c’est usant pour l’organisme. »

Pour Bruce Liaud, le jeune talent doit devenir plus compétitif sur terre battue, pour faire progresser son jeu et lui permettre de s’épanouir : « Cette tournée est un passage obligé pour préparer le tournoi junior de Roland-Garros. C’est le meilleur moyen de s’endurcir physiquement et mentalement et de solidifier son jeu. Et pour tout Français, Roland-Garros doit demeurer un objectif ! »

 

 

Après un petit silence, Lilian reconnaît qu’il se sent un peu fatigué par cette tournée éreintante, mais que tout ça va lui servir à l’avenir. Car le tennis représente beaucoup pour le jeune Picard : « J’y mets beaucoup de moi-même, j’y consacre toute mon adolescence…j’ai dû faire des sacrifices, mais le tennis fait partie intégrante de ma vie ! »

Quand il commençait à suivre le circuit ATP et les tournois du Grand Chelem, Rafael Nadal le stakhanoviste et son exceptionnelle combativité l’inspirait. Pourtant, au gré des ajustements techniques et d’un jeu qui gagnait en maturité, il se met à pencher plus vers le jeu d’attaque et le toucher de Roger Federer. « Moi qui rêve de Wimbledon, je me régale de la partition jouée par Federer, c’est tellement fluide ! »

Même s’il avoue préférer jouer en simple, le double lui permet de vivre des expériences enrichissantes. « Lors de la coupe du Monde juniors, j’avais rencontré pas mal de joueurs sympas et avec Zane Khan, un Américain, on s’inscrivait au même moment en simple au trophée Juan Carlos Ferrero (organisé par l’académie fondée par l’ancien numéro 1 mondial et vainqueur de Roland-Garros en 2003). On s’est dit : pourquoi pas le faire ensemble en double ? » Bien lui en a pris, puisqu’ils ont atteint la demi-finale, ne s’inclinant qu’au super tie-break contre la paire espagnole Alcaraz Garfia-Sanchez Jover.

« Parfois, ça fait du bien de couper un peu… »

Plus attiré par les joutes individuelles, il reconnaît tout de même que le double lui permet de progresser à la volée et de compléter son bagage technique, lui qui aime jouer l’offensive. C’est aussi l’occasion de participer une compétition dans laquelle il se fixe moins d’objectifs, délesté de la pression qu’exigent sa saison individuelle et son évolution programmée. Et quand le besoin s’en fait sentir, il n’hésite pas à sortir du cadre sportif. « Je ne suis pas trop le sport à la télévision, je ne suis pas d’équipe en particulier. Je tiens à ces moments avec mes amis, sans penser compétition ou tennis. Avec eux, je vis d’autres choses et ça me fait du bien de couper un peu ».

Loin de se laisser abattre, il espère rebondir vite de la terre battue aux nombreux tournois sur dur, une surface qu’il affectionne et qu’il peut également travailler au CREPS voire au CNE, notamment sur le court technologique qui permet de minuscules réglages dans le jeu : « Ce que je veux, c’est obtenir des résultats, grandir dans mon tennis notamment en tournoi Future et je veux me donner toutes les chances d’y parvenir ! »

Le printemps défavorable à ce champion en herbe a nécessité une coupure salvatrice dans son terreau picard natal. Soutenu dans ses aspirations sportives par des parents qui l’appellent souvent et l’abreuvent régulièrement de leurs encouragements, Lilian va enchaîner avec un nouveau tournoi sur terre, en Italie.

Même si Bruce sent que la terre battue n’est actuellement pas le meilleur sol pour cette plante en pleine croissance, il ne se fait pas de soucis sur l’éclosion future de son protégé. « Il ne lui manque plus qu’une victoire significative, pour relancer la machine. Je ne suis pas inquiet, il la frôle de près depuis le début de saison, du bout de la raquette, ça va venir ! » Et quand il l’aura réalisée, le bourgeonnement sera certainement le début de la fleuraison pour cette belle pousse du tennis français.

 Denis COUVELARD

 

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