Freinée dans sa progression par des blessures à répétition, la Parisienne Jenny Lim, 16 ans, est félicitée par son entourage pour son état d’esprit positif
« Ça fait ping-pong » plaisante Jenny Lim, championne de France 2019 de sa catégorie d’âge. Depuis sept mois, la licenciée du Paris Université Club est en proie à des blessures récurrentes aux métatarses. D’abord au pied droit, ensuite au pied gauche. À l’origine de l’engrenage, un style de jeu aérien et explosif, agréable pour les spectateurs, mais traumatisant pour les avants-pieds. Grâce à un suivi médical régulier, assuré par les meilleurs spécialistes de la capitale, la joueuse entrevoit enfin la reprise. Jenny Lim prend d’ailleurs une part active dans sa guérison. « Je suis de nature curieuse, je m’intéresse beaucoup au fonctionnement du corps » glisse la pétillante lycéenne, passionnée par les matières scientifiques.
« À la reprise, ça va péter au service ! »
En attendant son retour sur les courts, l’adolescente s’entretient physiquement pour ne pas perdre le rythme. La séance de ce mardi 30 mars a lieu dans le XVIe arrondissement. À deux pas de là, des promeneurs profitent du retour du printemps pour flâner sur les quais de Seine. Pendant ce temps, à l’abri des badauds, Jenny Lim enchaîne les exercices en compagnie de Constance Levivier et de Luca Van Assche, deux autres espoirs de son âge. Gainage, développé-couché, travail des lombaires… sous le regard attentif de Laurent Laffite, préparateur physique du comité de tennis de Paris, la sportive muscle le haut de son corps à défaut de pouvoir solliciter le bas. « Quand je vais reprendre, ça va péter au service ! » positive la Francilienne.
La sobriété de la salle de sport incite au travail, le sérieux de la joueuse fait le reste. Laurent Laffite intervient ponctuellement pour corriger une posture ou préciser le nombre de répétitions à effectuer. « Elle a des périodes de doute comme tout sportif qui n’a pas de compétitions en ligne de mire, mais elle ne baisse jamais les bras » témoigne l’ancien mentor de la championne espagnole Garbiñe Muguruza. Il n’est pas le seul à souligner l’implication de l’adolescente. « Jenny a une personnalité très optimiste, elle ne rumine pas. C’est rare chez les sportifs blessés ! » abonde Gersende Delorys, sa préparatrice mentale.
« J’avais mal en descendant les escaliers »
Sans surprise, le rêve ultime de Jenny Lim est de remporter les Internationaux de France. « Parce que Roland-Garros, c’est chez nous ! » se justifie la Parisienne dans un large sourire. Avant d’être un jour à la fête porte d’Auteuil, la joueuse a pour ambition d’intégrer à court terme le top 200 ITF Juniors. Rien d’incongru, en novembre 2019, la droitière au revers ravageur avait remporté les championnats de France des 13-14 ans. Elle sortait pourtant d’une période d’un an et demi sans jouer à cause de la maladie d’Osgood-Schlatter, une affection du genou très douloureuse, fréquente chez les sportifs en pleine croissance. « Le matin, en me levant, je savais que j’allais passer une sale journée. J’avais mal rien qu’en descendant les escaliers. »
Forcément depuis, Jenny Lim relativise ses soucis. Un trait de caractère qui tient aussi à son histoire familiale. « Mes parents sont des Chinois du Cambodge. Ils ont fui le régime des Khmers rouges pour s’installer en France en 1990. » Ni sa mère, ni son père, tous deux employés dans la restauration, ne sont des passionnés de sport. « Son parcours est d’autant plus remarquable ! » souligne Yann Lemeur, son entraîneur depuis ses débuts au tennis à l’âge de six ans. Le directeur sportif du Paris Université Club souffre aujourd’hui de voir sa protégée loin des terrains. De son côté, Jenny Lim avoue être « frustrée de ne pas ressentir le stress d’avant-match ». Elle n’en demeure pas moins philosophe. « Je me dis qu’il y a pire dans la vie et que ma blessure me permet de passer plus de temps avec ma grande sœur. » Qui a dit que jeunesse et sagesse n’allaient pas de pair ?
Adrien Jacquot
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