Jaimee-Floyd Angel : 2,07 m de caractère

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780e mondial à 18 ans, Jaimee-Floyd Angel est l’un des meilleurs espoirs du tennis français, et le plus grand avec ses 2,07 m. Une taille proportionnelle à son caractère, haut en couleur, qui est sa force mais qui peut aussi être une faiblesse. Un caractère que le jeune tennisman travaille au quotidien avec son entraîneur, Philippe Robin.

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« Moi, je suis têtu, avec tout le monde. Même quand j’ai tort, j’ai raison ! » Jaimee-Floyd Angel rigole. La boutade révèle le caractère du jeune homme : un garçon sympa et attachant. Parfois excessif et caractériel. Bref, un « personnage » qui sort du lot, et pas uniquement en raison de sa taille hors-norme. Car Jaimee Floyd Angel est l’un des meilleurs espoirs d’un tennis tricolore qui cherche une relève à ses Mousquetaires que sont Tsonga, Gasquet, Monfils et Simon. Un rôle que le garçon originaire de la région parisienne se verrait bien occuper, lui qui joue au tennis depuis le plus jeune âge. Mais qui a signé sa première licence avec un club de football : le Maccabi Paris.

« J’adore les les sports collectifs mais j’aime bien gagner tout seul », annonce-t-il d’entrée. Comme pour montrer qu’il a toujours eu cette  envie de marquer les esprits à lui seul, même accompagné de ses coéquipiers. « Moi, je voulais jouer numéro neuf, je voulais marquer des buts », martèle-t-il. Alors, il finit naturellement par choisir un sport individuel : le tennis. Et il entame un « parcours classique pour un jeune qui évolue bien » selon son entraîneur Philippe Robin. En club, puis avec la Ligue de Seine-Saint-Denis. Avant d’être détecté au niveau national et de partir sur Poitiers en septembre 2013. Un passage qui va lui « faire beaucoup de bien », dixit l’intéressé. « Ca m’a redressé. A ce moment-là, ça ne se passait pas très bien chez moi, j’étais très dissipé », analyse-t-il. Dans la Vienne, il trouve un cadre et une rigueur qui lui conviennent. Puis rentre en région parisienne : direction l’INSEP à la rentrée 2015.

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« Il va prendre des gants, moi je dis les choses »

Là-bas, le jeune garçon débute sa collaboration avec l’entraîneur national Philippe Robin. Qui devient l’entraîneur d’un trio dont Jaimee-Floyd Angel fait partie. A l’époque, les deux vont alors apprendre à se connaître. « La première tournée, ça a été compliqué », en rigole aujourd’hui le coach. Le joueur confirme : « Je ne jouais pas très bien… Et puis c’est le début, on apprend à vivre ensemble, à découvrir les humeurs de l’un et de l’autre, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas. » Une période d’adaptation entre deux fortes personnalités qui forment un duo depuis septembre 2017 et l’entrée au CNE de Jaimee. «Aujourd’hui, on se connaît par coeur », lance Philippe Robin. « Oh oui ! Je pense que ça fait vraiment six mois que je le connais à 100 % », relance son joueur.

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Jaimee-Floyd Angel et son entraîneur, Philippe Robin. (Photo : Philippe Robin)

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Et pour cause, les deux hommes se côtoient au quotidien depuis deux ans et demi. Quelques 230 nuits d’hôtel en commun par an, « plus de 300 jours ensemble dans l’année ». Alors forcément, il y a des « prises de têtes ». Logique, entre deux passionnés qui se définissent chacun par les mêmes adjectifs : « fort et sensible ». Mais « avec plus de maturité pour moi » selon l’entraîneur, âgé de 47 ans. Chose que reconnaît son jeune joueur : « Il va prendre des gants, moi je dis les choses. J’ai moins de filtres que lui. Je dis à tout le monde ce que je pense. » « Un super trait de caractère », pour Philippe Robin, mais qui peut parfois se retourner contre Jaimee-Floyd Angel. « C’est quelqu’un qui a un bon fond, qui est franc, analyse son entraîneur. Mais parfois, il oublie de mettre les formes et il ne se rend pas compte de ce qu’il dégage. » Un côté « spontané et excessif » selon Philippe Robin qui peut toutefois être une qualité sur le terrain pour l’entraîneur : « Parfois, on a besoin d’être persuadé, d’être convaincu pour y arriver en tennis. »

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« Qu’est-ce que je fais sur terre battue ? »

Son tennis justement, Jaimee Floyd Angel doit l’adapter à sa grande taille. S’il n’a « plus trop d’idole » aujourd’hui, il s’inspire des « mecs qui lui ressemblent ». Comme le Sud-Africain Kévin Anderson ou l’Américain John Isner, qui culminent respectivement à 2,03 m et 2,08 m. Des joueurs à l’aise sur des surfaces dures et adeptes des courts échanges en « 4/5 coups de raquettes maximums ». Le type de jeu visé par le jeune tennisman. Avec l’idée de ne pas tomber non plus dans le stéréotype du joueur de « grand taille ». Alors, dès son arrivée à l’INSEP, Philippe Robin va forcer le droitier à jouer sur une surface difficile pour les « grands » : la terre battue. « Sur la terre, les échanges sont plus longs, le jeu de jambes plus précis, le service moins rentable, et pour les grands, c’est beaucoup plus compliqué, constate l’entraîneur national. Mais c’était important qu’il ait un jeu le plus complet possible. »

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Jaimee-Floyd Angel, en finale des Championnats de France 15/16 ans, en 2016. (Photo : FFT)

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Alors Jaimee Floyd Angel enchaîne les tournois sur la surface ocre et vit une période compliquée. « J’ai beaucoup perdu et beaucoup douté… Qu’est-ce que je fais sur terre battue ? Je suis vraiment nul… C’était dur de se dire ça. Directement, on est dans le jugement et dans la négativité. » Il le reconnaît : lui, le grand de 2,07 m avec une si forte personnalité, était fragile mentalement. « Quand je perdais un match, je me mettais vite dans un trou. Alors que maintenant, j’essaie de relativiser. » Et Philippe Robin de concéder : « Le tennis est un sport qui nécessite de la stabilité. Jaimee a tendance à partir dans tous les sens. C’est un spontané excessif. Mais aujourd’hui, il est en train de trouver une ligne directrice. » Constat confirmé par le principal intéressé : « Je dois trouver un juste milieu. Ne pas être mou, être toujours à la bataille. Ça se travaille, ça doit venir de moi, de ma volonté d’en vouloir toujours plus… » Pour un jour, peut-être, devenir un grand du circuit mondial.

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REPERES : JAIMEE-FLOYD ANGEL

◊ 18 ans ; né le 27 mars 2000
→ 2,07 mètres, 93 kilos
◊ Droitier, revers à deux mains
→ 780e au classement ATP (lundi 7 mai) ; 106e junior
◊ Champion de France 15/16 ans 2016 & demi-finaliste Championnats d'Europe 15/16 ans 2016 
→ Demi-finaliste tournois Future Nigeria & Egypte 2018
◊ Meilleure performance : victoire sur Antoine Hoang, 220e à l'ATP (07/03/2018)
→ Prochains objectifs : « A court terme, essayer de gagner un Future, dans les semaines qui
arrivent. A moyen terme, arriver à la 600e place du classement ATP et gagner un Grand Chelem
junior, c'est très important pour moi. »

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Kévin Saroul

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