Giovanni Mpetshi-Perricard : la vie en grand

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Le Lyonnais d’origine ne cesse de progresser et de grandir. Il est depuis trois ans au pôle tennis de Poitiers. Lucide, Giovanni Mpetshi-Perricard sait où il va, tout en gardant la tête sur les épaules. Grand par la taille et par le talent, il travaille avec son entraîneur pour grimper les échelons du tennis.

À 14 ans, on peut être un adolescent comme un autre. Noyé au milieu d’une foule de collégiens, en pleine crise de personnalité. Les cours, les premières interrogations quant à l’orientation professionnelle. Pour Giovanni Mpetshi-Perricard, c’est un peu différent. Il n’y a pas de collège, mais des cours, et surtout le tennis. Puis, impossible pour lui d’être noyé dans la foule en faisant 1,96 m à 14 ans ! Le Lyonnais d’origine est depuis 2015 au Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS) de Poitiers. Une structure qui est une étape dans le développement de sportifs. « C’était un choix un peu compliqué, avoue Giovanni Mpetshi-Perricard. Mes parents l’ont suivi, c’était un peu difficile mais ils s’y sont habitués. »

De nombreux sportifs doivent faire une croix sur leur vie de famille très tôt. Des sacrifices sur la voie d’un succès écrit parfois en pointillés. Pour Giovanni, quitter le cocon familial a été une épreuve à surmonter. Ce changement était pourtant nécessaire. Le rythme de vie à Lyon n’était plus adapté à ses ambitions. Il a alors 12 ans et se dirige vers Poitiers. « Au début c’était compliqué de faire partie du pôle, mais c’est une étape, plus on grandit plus on mûrit, on devient autonome », note-t-il. Ce développement est le fruit d’un travail mis en œuvre au CREPS. L’entraîneur de Giovanni Jean-Baptiste Dupuy analyse : « Quand ils rentrent au pôle, ils ont besoin d’être cadrés, c’est normal. Quand ils arrivent à Potiers l’idée c’est de les rendre plus responsables. »

« Prendre conscience que sa taille est une force »

Plus autonome dans la vie de tous les jours, Giovanni voit sa vie largement rythmée par le tennis. Il peut compter sur un atout de taille : « Il a un profil physique qui est très atypique, 1,96 m à 14 ans c’est grand ! » s’exclame son coach. Jean-Baptiste Dupuy l’entraîne depuis son arrivée au pôle pictave. Avec lui, Giovanni Mpetshi-Perricard peut développer un jeu tout en puissance, largement aidé par sa grande taille. « Il faut qu’il prenne confiance en lui, qu’il gagne en maturité par rapport à la prise de conscience de ses atouts, développe Jean-Baptiste Dupuy. Il doit vraiment évoluer à ce niveau et a une belle marge de progression, il doit prendre conscience que sa taille est une force et qu’il doit l’utiliser. »

Les joueurs professionnels font en moyenne 1,90 m. Certains sont bien au-dessus de cette moyenne. Ils peuvent être des sources d’inspiration pour le jeune lyonnais : « Il y a des joueurs comme Kevin Anderson ou John Isner (le Sud-Africain et l’Américain sont respectivement huitième et neuvième au classement ATP), enchaîne-t-il. Je tente d’identifier mon jeu par rapport au leur. Même si ce ne sont pas mes joueurs préférés, je veux apprendre de leur jeu. » Deux joueurs agressifs au service. Ils utilisent leur taille pour faire parler leur puissance. Mais Giovanni a également comme modèle un certain Rafael Nadal. Sa puissance n’est pas un atout suffisant, et il le sait : « Il a un jeu assez agressif et offensif, il aime bien venir au filet, développe Jean-Baptiste Dupuy. Il a toutes les qualités de joueur de haut niveau, il couvre bien le terrain, il est puissant, souple. C’est un profil physique moderne et un athlète hors norme. »

Adolescent comme un autre

Avec une raquette de tennis entre les mains depuis l’âge de trois ans, Giovanni Mpetshi-Perricard a pourtant essayé d’autres disciplines. « Ce n’était pas mon sport favori, j’avais plusieurs sports, le basket, le tennis, et un peu de natation, révèle-t-il. J’ai fait le choix de continuer le tennis. » Par sa taille, le basket semblait idéal. « Avec le tennis, j’avais plusieurs portes et je pouvais visiter le monde », confesse-t-il. Pas de regret aujourd’hui, et un regard déjà tourné vers l’avenir. « Poitiers c’est une étape pour progresser, je voudrais m’entrainer vers 17 ans au Centre National d’Entraînement pour progresser. » Cette saison, les championnats de France des 15-16 ans à Dijon sont un point d’orgue. Il les avait gagnés il y a deux ans.

Voyant le tennis comme un atout, l’adolescent « discret, calme et très posé » selon les mots de son coach, garde la tête sur les épaules, et ne prend pas pour acquis sa situation actuelle : « Je reste un ado normal, sourit-il. J’aime regarder des séries et des films. Il faut prendre le tennis comme un atout, si je n’avais pas fait de tennis, j’aurais été dans un collège normal. Il faut être humble, la plupart l’ont compris, ça ne sert à rien de se prendre pour un roi. » Il aime aussi passer son temps libre avec des jeunes du centre, qui sont ses amis. Giovanni voit également ses proches au moins une fois par mois à Lyon. Avec le CREPS, il a une seconde famille. Son entraîneur a vu une belle progression dans l’autonomie au fil des années : « C’est un jeune qui a beaucoup gagné en maturité, il s’est responsabilisé, et est devenu beaucoup plus autonome au quotidien. Il a donné beaucoup plus de sens à son projet sportif et scolaire, et il est complètement investi dans son équilibre. » Il reste encore des étapes à franchir, mais Giovanni Mpetshi-Perricard peut regarder loin devant. Avec l’entraînement et l’expérience, il pourrait prendre encore un peu plus de hauteur.

Arthur PINEAU

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