Del Potro, renaissance en court

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Il a tout connu, des heures de gloire aux mois de déboires. Après deux saisons blanches, Juan-Martin Del Potro est en passe de retrouver son meilleur niveau.

Sa carrière était en train de glisser dans l’oubli, comme un livre prenant la poussière. Juan-Martin Del Potro avait tout juste eu le temps d’écrire quelques belles pages. En 2009, il remportait l’US Open à l’issue d’une finale époustouflante en cinq sets face à Roger Federer. Il était alors le seul à contester la domination – encore naissante – du « Big Four » et se hissait à la 4ème place mondiale. Puis vint la blessure. Les blessures. Quatre opérations aux poignets en cinq ans (une au droit et trois au gauche) plongent l’Argentin dans le doute. Del Potro est fauché en pleine ascension. Revient pour mieux rechuter. Repousse sans cesse son retour. Dégringole même au-delà du 1000e rang mondial. On n’entend plus parler de lui.

« Je n’en pouvais plus de toutes ces nuits passées à pleurer, de toutes ces journées passées sans avoir la force d’avancer, » confiait-il en novembre dernier à L’Equipe Magazine. « C’était trop dur d’essayer de revenir. » Mais le joueur de 29 ans aime trop son sport pour tout envoyer balader. Les messages de soutien affluent de toute la planète. Alors il se remet au travail, actionne tous les leviers psychologiques, dont celui de se séparer de son coach de toujours, Franco Davin.

Jeux d’argent

Le colosse aux poignets d’argile (1,98m) construit patiemment son retour sur les courts. Il apprend à ne plus prendre de risques. Il avance masqué. Soupèse chaque participation en tournoi. Plus personne n’ose parier sur lui. Erreur. La lumière rejaillit à l’été 2016. « Émotionnellement, ce fut incroyable, » se remémore-t-il. « C’est ce que j’ai vécu de plus fort dans toute ma carrière. » Une médaille d’argent olympique en simple à Rio après trois matches inoubliables contre les terreurs du circuit, Djokovic, Nadal et Murray. Suivie d’un succès historique en Coupe Davis, le premier saladier d’argent pour l’Argentine. On le retrouvait par bribes. Sa puissance, son jeu en cadence ligne de fond. Une performance saluée par le trophée de « retour de l’année » décerné par l’ATP. Son deuxième après 2011.

La saison 2017 confirme son lent mais solide retour au premier plan. Un titre à Stockholm. Une demi-finale à l’US Open, son Grand Chelem de prédilection, et une victoire en quarts sur Roger Federer. Comme au bon vieux temps. « Aujourd’hui, je profite de tout : le simple fait de jouer un match est devenu précieux à mes yeux. J’ai été si près d’abandonner. »

Poignets d’amour

L’Argentin a suffisamment mangé son pain noir. Ses principaux adversaires se partagent désormais l’amère pitance. Djokovic, Murray et Nadal digèrent mal leurs périodes fastes. Ses écueils ont bouleversé sa vie. Plus rien ne sera jamais comme avant. L’Argentin se découvre une nouvelle routine. Immuable. « Mon revers n’est plus aussi bon qu’autrefois, parce que trois opérations, ça laisse des traces, et que je continue d’avoir des douleurs au poignet, » révèle-t-il. « Je fais de longs exercices d’échauffement et d’étirement. Autour de deux à trois heures par jour, tous les jours. C’est beaucoup de travail, mais je pense que ça vaut vraiment le coup. »

Revenu aux portes du top 10 (11e, décembre 2017), il bénéficie désormais du statut de tête de série. Pour passer les premiers tours sans encombre et éviter d’affronter d’entrée les cadors, comme lors de sa reprise. En janvier, il retrouvera l’Open d’Australie, première levée du Grand Chelem, où il n’a plus joué depuis 2014. Le début d’une seconde carrière. « J’ai l’impression que le tennis est bien décidé à m’accompagner quelques années encore, » prophétise-t-il d’ailleurs. Et ajouter enfin plusieurs chapitres à l’ouvrage.

Laurent MAJUREL

Crédit photo : Laurent Majurel

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