Maélie Monfils : se faire un (pré)nom

Photo Marion CORDONNIER

Son patronyme est l’un des plus célèbres du tennis mondial. Pourtant, Maélie Monfils n’en est encore qu’aux prémices de sa carrière professionnelle. La joueuse de 15 ans veut faire son trou, tout en s’émancipant des comparaisons avec son demi-frère Gaël. Rencontre.

« C’est un poids bien pesant qu’un nom trop tôt fameux. » Il y a un monde entre La Henriade, poème de Voltaire, et le tennis, mais cette citation pourrait s’appliquer à merveille à la vie sportive de Maélie Monfils. La joueuse de 15 ans porte l’héritage d’une fratrie de tennismen, de Gaël à Daryl, couvée et choyée par Rufin, leur père et premier formateur.  

Forcément, entre une joueuse à gros potentiel et un actuel neuvième au classement ATP, la tentation de comparer Maélie à Gaël est grande. Alors elle désamorce d’emblée : « C’est inutile. Je m’appelle Maélie, lui Gaël, appuie-t-elle. On est pas du tout la même personne. Pourtant, des gens me posent des questions sur sa vie, alors que je ne peux pas répondre. Je ne sais pas tout le temps où il est, ce qu’il fait… C’est ça le plus énervant. »

« Une fierté et une source d’inspiration »

Malgré cela, la membre du Centre National d’Entraînement (CNE), où sont formés les futurs joueurs et joueuses professionnels du tennis français, reconnaît qu’elle partage certaines caractéristiques avec son demi-frère. « Sur le court on est tous les deux de bons serveurs, précise-t-elle. C’est là où on gagne pas mal de nos points. Mais ça ne va pas vraiment plus loin que ça. » 

Si Maélie attache une telle importance à se démarquer du n°1 français, c’est que la comparaison lui a déjà pesé par le passé : « Parfois, quand je dis que je suis sa sœur, les gens changent tout de suite d’attitude, explique-t-elle. Certains sont jaloux ou font comme s’ils le connaissaient un peu par procurationMais il n’y a pas que du négatif ! Je suis souvent au téléphone avec lui. On parle tennis, il me donne des conseils…» 

Gaël avait déjà poussé quelques cris sur les courts du circuit ATP quand Maélie est née à Drancy (93), en 2005. Aujourd’hui, l’une est aux prémices de sa carrière professionnelle, l’autre a déjà un palmarès bien garni. De quoi stimuler encore plus la jeune joueuse : « C’est une fierté et une source d’inspiration de l’avoir dans ma famille. Parfois, des gens me souhaitent de faire une meilleure carrière que lui, confie-t-elle dans un sourire. Avoir un tel objectif ça motive forcément. »

De la Guadeloupe à Paris

Onze ans se sont écoulés entre les premières balles tapées avec son père et son entrée en 2019 au CNE. Une période passée en majorité en Guadeloupe, où elle a vécu 10 ans, et signé sa première licence au club de Petit-Bourg (à l’est de Bass-Terre). À son retour en métropole en 2016, Maélie a intégré le Centre de ressources, d’expertise et de performance sportives (Creps) de Reims jusqu’en septembre 2019. Une formation plus poussée qui lui a servi de tremplin pour accéder au CNE, et permis de s’y acclimater facilement : « Au niveau du programme, je ne sens pas une grande différence, observe-t-elle. Je me suis donc bien adaptée, même si ici, on cherche encore plus la perfection. Le gros changement est au niveau des infrastructures. Au CNE, on a toutes les surfaces à disposition, ce qui n’était pas le cas à Reims. » 

Malgré cette continuité, l’actuelle 354e au classement ITF juniors admet avoir « passé un cap ». Un sentiment lié à ce nouveau cadre du CNE, où elle côtoie les meilleurs joueurs français : « Ça fait quelque chose de se dire qu’ils s’entraînent au même endroit que nous, reconnaît-elle. Et ça nous permet de discuter un peu avec eux, de les observer sur le court. » 

Maintenant, Maélie se tourne vers les échéances à venir : quelques tournois de reprises, puis Roland-Garros juniors en septembre, auquel elle espère accéder après avoir été éliminée en qualifications l’année dernière. Ce tournoi, Gaël Monfils l’avait remporté en 2004, à 18 ans. Même si l’ombre de son grand-frère ne sera jamais bien loin, Maélie veut se faire une place dans la lumière.

Hugo Degouzel 

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