Lucas Pouille, droit au coeur

Vaincu vendredi, contesté samedi et finalement confirmé ce dimanche, Lucas Pouille a offert à la France sa dixième Coupe Davis, à Lille. Il n’y a pas eu de débat dans ce cinquième et ultime match de la finale. Steve Darcis était impuissant, Lucas Pouille tout simplement intouchable (6-3, 6-1, 6-0). Le Nordiste a envoyé sa balle en plein coeur du public français.

« Lucas, Lucas, Lucas ! » Le public du stade Pierre-Mauroy de Lille s’enflamme, et pourtant, nous ne sommes qu’au deuxième jeu du cinquième match entre Steve Darcis et Lucas Pouille. Le dix-huitième au classement mondial a déjà fait le break (2-0), après avoir avoir été mené 40-0 dans ce jeu. L’ambiance est électrique. Le Nordiste répond au rendez-vous, sur le terrain.

On l’a cru touché en plein orgueil, triste et démobilisé, après sa douloureuse défaite trois sets à zéro contre David Goffin, vendredi. On se demandait même si Yannick Noah n’allait pas le remplacer au dernier moment. C’est mal connaître le capitaine de l’équipe de France, qui a confirmé Lucas Pouille dans son rôle. Il devait rentrer sur le terrain. Le seul endroit pour faire taire les critiques.

Un ton au-dessus

Le match n’a pas été parfait, évidemment. Il y a bien eu deux doubles fautes, quelques balles perdues et des moments de flottement dans le premier set. Mais une fois ce premier break fait, le Nordiste n’a jamais été vraiment inquiété. En trente-sept minutes, il a largement dominé Steve Darcis. Le Belge n’a pas démérité, mais tout simplement, il était un ton en-dessous. Lucas Pouille a régalé dans le deuxième et le troisième set. Il n’a laissé qu’un seul jeu à son adversaire (6-1 dans le deuxième, puis 6-0), et a signé deux jeux blancs.

Comme un symbole, le filet l’a bien aidé à sceller sa victoire. Dans le troisième set, à 5-0, 40-0, la balle est tombée du bon côté du terrain, après avoir tapé le filet. Lucas Pouille a posé son tennis, et n’a eu qu’à dérouler son jeu. Le public l’avait bien compris, le vent soufflait côté bleu. À coup de chants, ola et de Marseillaises improvisées, il poussait plus que jamais son jeune espoir.

Porté par la foule

Tous ses coéquipiers – Richard Gasquet en tête – l’ont applaudi tout au long du match. La vraie difficulté était de garder la tête froide. Pour ça, Lucas Pouille pouvait compter sur Yannick Noah. Le capitaine de l’équipe de France est resté très calme en bord de terrain. En toute sérénité, il a soufflé à son jeune joueur les bons mots, pour l’aider à rester concentré jusqu’au bout.

Lucas Pouille porte beaucoup d’espoirs au sein du tennis français. Aujourd’hui, il les a confirmés. Il a mis fin à seize ans de disette. Seize longues années pendant lesquelles Richard Gasquet, Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, Mickaël Llodra et tant d’autres ont échoué à gagner cette dixième Coupe Davis.

Lucas Pouille, vingt-trois ans, est le sang neuf de cette équipe de France. On l’a cru affaibli, il a répondu de la plus belle des manières : la victoire. Sous une montagne de confettis, il a soulevé la Coupe, et a gagné au baromètre de l’applaudimètre. Si aujourd’hui, Lucas Pouille n’a pas réalisé le match le plus parfait de sa carrière, il a joué le plus beau.

Baptiste Allaire

Photo : Laurent Sanson