Laia Petretic est une des espoirs du tennis français. Après avoir progressé au club d’Eaubonne (95) puis en Espagne, la Française de 16 ans s’entraîne désormais au Centre national d’entraînement (CNE). Le tennis est au centre de sa vie, en toute décontraction.
« Ça va le faire, ça va le faire », répète à l’envi Laia Petretic, dans son optimisme caractéristique. « Parfois dire que ça va le faire ne suffit pas pour que ça se réalise », rigole Jean-Marie Tenenhaus, son entraîneur depuis septembre 2019.
Pourtant, Laia a bien des raisons d’être confiante. Repérée dès l’âge de 6 ans par la ligue du Val-d’Oise, elle a connu une progression sans réel coup d’arrêt. Son arrivée au CNE, centre d’entraînement le plus important de la Fédération française de tennis (FFT), récompense à la fois son travail et ses résultats mais lui ouvre aussi de nouvelles perspectives.
« Elle est un vrai clown qui fait rigoler tout le groupe », sourit Tenenhaus. Mais sa nonchalance apparente ne se transforme jamais en paresse.
Une énorme progression
La jeune joueuse est passée de la 980e place junior, à la fin de saison dernière, à la 210e place cette saison. Avant l’interruption des tournois, causée par le coronavirus, Petretic a remporté deux tournois en simple, à Honfleur (14) et Poncé, à Porto Rico.
En novembre, elle a tenu tête à Andreaa Mitu (défaite 7/6 7/6), ancienne 68e joueuse mondiale et huitième de finaliste à Roland-Garros. Pour son père, David Petretic, « ce sont des défaites qui renforcent sa confiance. Elle se dit qu’elle n’est pas loin du très haut niveau. »
Son entrée au CNE n’y est pas pour rien, tant le rythme soutenu et l’exigence permanente ont jonché son quotidien. Quatre heures d’entraînement par jour, avec du tennis ou du physique, interdiction de sortir après 19h… Laia gère parfaitement ce cadre strict. Le tennis ne semble jamais être une contrainte pour elle. Les résultats ne sont pas une obsession. D’après son entraîneur, elle est « faite pour la compétition. Elle est capable de s’entraîner le matin et de jouer l’après-midi sans craindre d’être fatiguée. C’est une vraie ‘matcheuse’. »
Le déracinement causé par le tennis, et les déplacements incessants ne lui posent pas de soucis. Celle qui possède également la nationalité espagnole, par sa mère, adore voyager. « J’aime découvrir d’autres cultures, se réjouit-elle, même si on n’a pas trop le temps de visiter. » Outre le Français et l’Espagnol, elle a appris à parler Anglais et a même quelques notions de Russe.
Son relâchement, « une qualité et un défaut »
La droitière, endurante et plus à l’aise en défense, comme ses modèles « Thiem, Nadal ou Halep », sait qu’elle doit faire évoluer son jeu pour progresser. « Il faut que j’attaque davantage, analyse-t-elle. Ça ne suffit plus de se contenter de remettre la balle. Ce n’est pas facile de changer de schéma de jeu mais ça vient petit à petit. »
Son arrivée au CNE a modifié son approche de la compétition. « On pense que je suis nonchalante, que les choses ne m’atteignent pas. Je suis relâchée, je ne suis pas stressée. C’est une qualité et un défaut parce qu’en match, parfois, je me déconcentre quand je mène et mon adversaire revient… »
Le fait d’améliorer sa concentration est directement lié à son besoin de prendre plus d’initiatives dans le jeu, d’attaquer des balles courtes. Son entraîneur a pesté plusieurs fois de la voir perdre des matchs en restant trop passive : « Le danger quand on est très relâché est que ça se transforme en négligence. Le relâchement est une qualité mais il faut être rigoureux et je le lui rappelle tous les jours, même si parfois ça la gonfle (rire). »
Un cadre apaisant
Autour de Laia se trouve un cocon familial qui préfère l’accompagnement et la bienveillance à la pression de la performance. Cette confiance l’aide aussi à s’épanouir. « Mes parents m’ont laissée libre et toujours soutenue à 100%, acquiesce-t-elle. Et puis je n’aurais pas supporté qu’un de mes parents m’entraîne. J’écoute mieux une personne de l’extérieur. »
Son père suit de près sa progression, mais il ne se fait pas pressant : « Certains parents transposent parfois leur rêve sur leurs enfants. Pour nous, que Laia gagne ou perde importe peu. Le tout est qu’elle se comporte bien sur le terrain. »
Et si ça peut les rassurer, leur fille a suivi sérieusement ses cours de seconde, à distance, avec la conscience que le rêve du tennis peut finir par s’envoler. Son horizon scolaire est le baccalauréat, qui lui assurera une sécurité et lui permettra de rebondir si elle ne s’impose pas dans le monde professionnel.
Non sans fierté, elle affirme être beaucoup plus calme sur le court qu’il y a quelques années. Malgré ses progrès constants, elle peut encore améliorer son revers à deux mains, son service et sa prise de décision. Mais en continuant sur sa lancée, sans jamais se faire une montagne des sommets qu’elle doit gravir, elle a une chance de réaliser son rêve : vivre du tennis. En attendant, elle garde l’espoir que « ça va le faire ».
Antoine Denis
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