Pour Giovanni Mpetshi Perricard, la saison 2019-2020 a été particulièrement riche en rebondissements : intégration au Centre National d’Entraînement (CNE), changement d’entraîneur, quart de finale pour son premier Open d’Australie…Du haut de ses 2,02m, le Lyonnais affiche une détermination sans faille.
« J’avais un terrain chez moi donc j’ai pu jouer comme je le voulais et garder le contact avec la balle. » La Terre peut bien s’arrêter de tourner, pandémie ou non, Giovanni Mpetshi Perricard ne se détourne pas de son objectif : réaliser une carrière professionnelle dans le tennis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune joueur de 17 ans (depuis le 8 juillet dernier) se donne les moyens de concrétiser son rêve de gamin. Après avoir pratiqué le basket et la natation, la raquette arrive dans les mains de « Gio » à l’âge de 4 ans. Coup de foudre immédiat : « Mon choix de me lancer pour devenir joueur professionnel a été pris dès le début. Mes parents n’ont pas été choqués quand je leur ai dit que je voulais en faire mon métier. » Aux paroles s’ensuivent les actes. À seulement 12 ans, Giovanni Mpetshi Perricard quitte son cocon lyonnais pour s’entraîner au CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive) de Poitiers. Sous la houlette de Jean-Baptiste Dupuy, l’adolescent prend de plus en plus de hauteur. « C’est à ce moment-là que j’ai vraiment pris conscience que je pouvais faire de belles choses et qu’il fallait travailler plus que les autres pour atteindre le haut niveau. » Dès lors, les résultats s’enchaînent et il remporte à 15 ans son premier match en tableau principal d’un tournoi Future (la troisième division professionnelle). Mais l’intéressé garde les pieds sur terre : « J’étais vraiment sur un nuage, mais on est vite rattrapé par la réalité. »
« Au CNE, j’ai pu m’entraîner avec Tsonga »
Giovanni Mpetshi Perricard
La réalité du monde professionnel, le puissant droitier la côtoie de plus près au CNE depuis septembre dernier. Même s’il vit loin de sa famille depuis maintenant 4 ans, le jeune homme a eu besoin d’un temps d’adaptation selon Tarik Benhabiles, son nouvel entraîneur : « Quitter Poitiers pour Paris a peut-être été un peu difficile pour lui au départ, dans un environnement différent, plus adulte, plus professionnel. Mais maintenant, il est sur les rails. » Pour le 36e joueur mondial junior, le programme au CNE est chargé : 4 heures d’entraînement chaque jour ainsi que les déplacements à travers le monde pour disputer les tournois. « L’année dernière, je suis parti sur une longue tournée d’octobre à décembre en Amérique du sud et aux États-Unis. La première partie s’est bien passée mais la seconde a été plus compliquée en termes de résultats. » Des résultats, cet adepte de la surface dure en extérieur en connaîtra lors de son premier Open Australie, en janvier dernier, où il atteindra les quarts de finale de la compétition. « C’est une belle performance car je suis en première année junior, j’ai un an de moins que la plupart des autres joueurs dans le tableau. » En pleine dynamique, la saison de ce fan de Rafael Nadal a été brutalement interrompue par la crise sanitaire. Le lycéen de première STMG (Sciences et technologies du management et de la gestion) en a profité pour rattraper ses cours, passer du temps avec sa famille, visionner la dernière saison de la Casa de Papel et jouer à Call of Duty. « Ça m’a fait du bien mais je suis content de reprendre. »
Objectif : gagner un Grand Chelem junior
Mais durant le confinement, Giovanni Mpetshi Perricard a pris le soin de travailler chaque jour son physique : « Être grand est un avantage mais aussi un inconvénient. Si ton jeu de jambe est moyen, tu le paies directement, en plus des blessures. » Pour ce faire, le longiligne athlète (2,02m), qui apprécie le jeu de Karen Khachanov (15e joueur mondial), est resté en contact avec son préparateur physique Sébastien Poublet : « Giovanni est un joueur très investi et chaque jour je lui envoyais des séances à réaliser, confirme-t-il avant de poursuivre, compte tenu de son jeu basé autour de son service, on travaille essentiellement sur le renforcement du bas du corps et de son épaule. » Conscient de ses forces et de ses faiblesses, notamment de son retour et de son revers, Giovanni Mpetshi Perricard continue d’apprendre au plus haut niveau pour atteindre ses objectifs : gagner un Grand Chelem junior et participer à Roland-Garros sur le circuit professionnel. Pour Tarik Benhabiles, vainqueur des Internationaux de France junior en 1982, son protégé est sur la bonne voie : « Il faut qu’il continue à travailler, qu’il soit encore plus déterminé et qu’il croie en ses capacités. J’espère que l’année 2021 sera complète et que d’ici là il devrait éclore. Il a un bel avenir, encore quelques années de travail et de formation et ça devrait être bon. »
Benjamin Epineau
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