Flavie Brugnone, top(s) modèl(es)

Pensionnaire du Centre National d’Entraînement à Paris depuis plus de six mois, la jeune provençale s’appuie sur ses idoles pour construire son parcours. De Nick Kyrgios à Florian Thauvin en passant par Garbiñe Muguruza, portrait d’une joueuse « sous influences ».

« A quinze ans on ne sait pas grand-chose, mais la graine de révolte germe doucement » disait Bernard Giraudeau dans son roman Les Dames de nage.
A quinze ans Flavie Brugnone a déjà neuf années de pratique du tennis derrière elle. Un sport commencé à l’âge de six ans à Istres, dans les Bouches-du-Rhône et que pratiquait déjà son frère. Quand on l’interroge sur sa passion, la jeune fille calme et posée sait donc de quoi elle parle. Le premier joueur qu’elle apprécie est Roger Federer : « C’est la classe » affirme Flavie. Elle ne déteste pas pour autant son grand rival Rafael Nadal : « Il joue très bien mais je l’aime un peu moins. »
Mais c’est un autre tennisman qui a ses faveurs. Un nom qui contraste avec la jeune fille réservée qu’elle est : Nick Kyrgios. L’Australien de 24 ans est considéré comme l’enfant terrible du tennis masculin mondial. Classé 34ème au classement ATP, Krygios fait moins parler de lui pour ses performances que pour son comportement sur le cours : insultes envers des adversaires ou des spectateurs, provocations en tout genre, contestation du juge arbitre… Son attitude divise. « Il a un talent monstrueux. Sa qualité est aussi un défaut, c’est qu’il fait le spectacle sur le terrain. Parfois il va balancer des matchs, mal se comporter. Mais c’est ça que j’aime bien, son côté bad boy. », s’enthousiasme pourtant Flavie, qui le découvre en voyant sur les réseaux sociaux des vidéos de l’Australien. L’un des derniers faits d’armes du fantasque joueur : servir « à la cuillère » contre le Serbie Dusan Lajovic, en février 2019 à Acapulco.

Pour autant, hors de question d’adopter la même manière d’être : « Si je me comporte aussi mal que lui, ça ne va pas le faire » ironise Flavie. Elle essaie pourtant de s’inspirer de Kyrgios dans son jeu pour « faire des amortis mais aussi prendre tôt la balle au retour puis frapper à la volée. » Sans aller jusqu’aux extrêmes proposés par Nick Kyrgios, Flavie reconnaît ne pas être assez démonstrative quand elle joue : « A long terme j’aimerais m’encourager comme il le fait. C’est ce que je suis en train de travailler en ce moment, plus montrer mes émotions. J’y travaille en m’exprimant plus, en criant « Allez ! », en montrant quand je suis contente. » Le mental est plus important que le jeu pour l’adolescente : « C’est du 60-40 car il faut gérer le stress, les émotions, l’énervement ».
Quand on lui demande pourquoi ce n’est pas un tennisman français qui est son modèle, elle répond de manière cinglante : « Benoît Paire montre ses émotions aussi, mais lui ça n’est que négatif. » A Kyrgios elle prédit un bel avenir… sous conditions : « S’il ne balançait pas de matchs et qu’il se donnait vraiment à fond, je pense qu’il pourrait être vraiment fort. Dans le top dix. Mais il est inconstant et trop fantasque. », avance Flavie.

Muguruza et Thauvin, autres modèles

Sur les réseaux sociaux, Flavie Brugnone suit également une tenniswoman très présente comme Kyrgios, l’Espagnole Garbiñe Muguruza. C’est lors de Roland Garros 2016, remporté par la joueuse basque de 25 ans, que la pensionnaire du Centre National d’Entraînement depuis la rentrée 2018 découvre une femme qui l’inspire : « Elle est très agressive dans ses frappes et a un très bon jeu de jambes. J’aimerais bien jouer comme elle. » Muguruza, actuelle vingtième mondiale, a également un excellent service, peut être l’un des meilleurs du circuit féminin. Un atout que travaille également Flavie « C’est la base des bases, service et retour. Si on a pas de service, c’est compliqué, c’est là où démarre le point. »

Elle ne cite pas de Français ou de Françaises quand elle évoque ses idoles. « Ils ne sont pas énormément médiatisés, même si on voit beaucoup Monfils en ce moment. Car il fait aussi le show avec des coups comme le tweener (coup passé sous les jambes). »
Elle cite volontiers un Français comme référence, mais ce n’est pas un joueur de tennis. Mais un footballeur. Florian Thauvin, l’attaquant de l’Olympique de Marseille, son club préféré : « Il est toujours là pour son équipe, il mouille le maillot. », apprécie-t-elle. Si le tennis est un sport individuel, elle apprécie l’esprit d’équipe que l’on retrouve dans le football. Elle concède ainsi faire ses meilleurs résultats en double : « Ça m’aide beaucoup pour le simple. Ça fait travailler le service, les diagonales… Depuis que je joue en double, j’ai remarqué que j’avais beaucoup progressé à la volée. »
Ce qu’elle aime aussi dans le football, c’est l’ambiance, elle qui fréquentait souvent le Stade Vélodrome avant de quitter son Sud natal pour Paris. « Voir les stades se remplir, avec les supporters qui crient. », se réjouit Flavie.

Pour autant, sur un court de tennis, pas question d’être déstabilisé par le public. « Il faut se mettre dans sa bulle. Je sais très bien que si je commence à regarder qui est là, qui n’est pas là, ça va me sortir de ma concentration. », assure celle qui participera pour la première fois à Roland Garros juniors cette année, devant un public plus nombreux que sur l’ensemble des tournois auxquels elle a participé cette saison comme en Israël, en Suisse ou en Tunisie.
Pour maintenir un lien avec ceux qui l’encouragent, l’adolescente mise sur les réseaux sociaux, où sont très actifs Kyrgios, Muguruza et Thauvin. Si sa page Facebook est encore gérée par ses parents qui mettent en ligne des informations sur ses matchs et ses entraînements et son compte Instagram seulement suivi par 1206 abonnés, « être sur les réseaux sociaux est indispensable. » juge Flavie. Elle dit que les gens connus ne répondent pas forcément aux messages de leurs « fans ». Le fera-t-elle si elle atteint ses rêves de Grand Chelem ? « Ça dépend si je suis vraiment populaire ou pas ! », répond Flavie dans un éclat de rire. Y compris si les commentaires sont négatifs : « Il faudra faire l’impasse et passer au-dessus. »
En attendant, elle vise la 300ème place chez les juniors à la fin de l’année, elle qui occupe pour l’instant la 383ème. Pour disputer l’intégralité des Grands Chelems de sa catégorie, elle qui rêve de briller à Roland Garros. Pour peut-être devenir un jour à son tour un modèle pour de jeunes joueuses de tennis.

Florent Vautier

Laisser un commentaire