Son enfance à la Réunion et aux Seychelles lui a donné le goût du voyage. Constance Levivier, 16 ans, 652e mondiale chez les juniors, mène grâce au tennis une vie exitante aux quatre coins du continent. Elle concilie son projet vers le haut niveau et sa scolarité, tout en découvrant le monde qui l’entoure, condition sine qua non à son épanouissement.
« Je ne jouerais certainement pas au tennis si mes tournois étaient tous à 10 kilomètres de chez moi. Le tennis me donne l’opportunité de bouger ». La vie que Constance Levivier mène à toute juste 16 ans, si particulière, faite de déplacements incessants lui convient parfaitement. Une vie atypique, qu’elle a pleinement choisie en tentant de vivre son rêve, devenir joueuse de tennis professionnelle.
À 2 ans, Constance s’envole avec toute sa famille pour l’Ile de la Réunion où son père Christophe, marin, est muté. Puis à 5 ans, elle prend un nouveau départ pour les Seychelles. « J’avais déjà le goût du voyage », lâche-t-elle. C’est là-bas qu’elle découvre le tennis, à 8000 kilomètres de l’hexagone, sur l’île de Mahé. Cadette d’une fratrie de 6 enfants, elle imite ses deux frères, déjà initiés à la petite balle jaune. « Les conditions étaient parfaites. On jouait dans le relâchement, avec plaisir, sous le soleil. Tout était génial. On ne se prenait pas la tête », raconte l’adolescente de 16 ans.
Mature et autonome
À cette époque, elle fait déjà preuve de maturité : « Après mon premier tournoi gagné à 7 ans, j’avais répondu à des journalistes au micro en remerciant les personnes qui m’aidaient », en rigole Constance.
À 13 ans, elle revient en France pour rejoindre le comité d’Ile de France et le club de tennis de Paris Jean-Bouin. C’est à cet instant que le tennis devient sa priorité.
« Je préfère voyager plutôt que de passer du temps avec mes amis »
Depuis, elle s’investit pleinement dans son projet de haut niveau. Le tennis lui permet de mener une vie de globe-trotteuse : « Je préfère voyager plutôt que passer du temps avec mes amis. Il y’a l’adrénaline de prendre l’avion. Surtout pour aller jouer un tournoi, c’est excitant ».
Constance Levivier peut parfois enchainer les tournois à l’étranger durant un mois, ce qui l’éloigne de sa famille et de ses parents. « Nous avons l’habitude. Elle est très autonome et est toujours pressée de repartir à l’étranger quand une compétition s’achève. Je regarde toujours avec qui elle part en tournoi pour être sûr qu’elle soit bien accompagnée », raconte Ségolène, maman de Constance. La distance n’empêche pas un soutien moral : « On a un groupe de famille sur lequel on échange. Et quand je perds, il y’a toujours une de mes trois sœurs qui m’appelle pour me réconforter ».
Sélectionnée en équipe de France U14, elle figure parmi les meilleures joueuses européennes et enchaine les tournois internationaux. Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, Pays-Bas, République Tchèque, Serbie, Moldavie, Croatie, et Chypre. Voici la liste non exhaustive des pays que Constance Levivier peut déjà cocher à 16 ans.
Madagascar, voyage sacré
Son séjour à Antananarivo, capitale de Madagascar avec son entraineur Elsa Morel et sa meilleure copine Jenny Lim reste à ses yeux le plus beau voyage de sa jeune carrière. « Les paysages étaient sublimes. Nous avions pu visiter les douze collines sacrées de l’Imerina. J’avais appris pleins de choses. En plus, on avait gagné les deux tournois en double avec Jenny ».
D’autres lieux plus rustiques l’ont moins marquée comme le Nord-Ouest de l’Angleterre. « Nous sommes restés trois jours, trois jours de pluie. L’hôtel était assez miteux. Je ne faisais que le trajet hôtel-club, rien d’autre…». Mais chaque expérience lui sert. « Constance a besoin de se divertir, de se confronter à la nouveauté et l’inconnu », explique Elsa Morel, qui entraine de Constance depuis trois ans.
Une scolarité chambre d’hôtel
En tournoi, la jeune joueuse a ses habitudes. « J’aime jouer aux cartes, regarder une série et observer quelques matchs dans ma chambre d’hôtel pour passer le temps. J’apprécie particulièrement voir évoluer Barty et Andreescu, deux filles qui m’inspirent », détaille Constance.
La Parisienne passe quelques têtes au Lycée Jean de la Fontaine dans le 16e arrondissement, où elle est scolarisée en première avec un an d’avance. Mais sa présence est tellement rare qu’elle en surprend ses camarades à son retour. « Ça fait longtemps qu’on ne t’a pas vu, tu étais où ? », interroge parfois ses copains. Constance Levivier doit rattraper ses cours à distance et travaille en parallèle avec le CNED : « J’essaie de fixer un horaire avant ou après un match mais je n’y arrive pas toujours. Je compte sur des amis qui m’envoient les cours. C’est difficile mentalement car en tournoi, la tendance est plutôt au repos et à la distraction ». Sa famille lui apporte aussi une aide précieuse. « Je lui donne des cours d’allemand, son père l’aide en sciences et son grand frère François s’occupe de l’économie. On a trouvé notre équilibre », détaille Ségolène Levivier.
Actuellement, la situation sanitaire contraint Constance Levivier à rester dans son club de Jean-Bouin où elle peaufine son jeu sur terre battue, 15 heures par semaine. Depuis mars 2020, elle n’a pu faire qu’un seul tournoi en dehors de l’hexagone, à Belgrade en Serbie. Mais cela ne freine pas sa soif de découverte. Fin mai, la 652e joueuse mondiale chez les juniors va enchainer deux tournois ITF en Hongrie et en Autriche. « Une délivrance après des mois d’attente », s’exclame-t-elle. Avant peut-être de découvrir le pays de ses rêves, l’Australie et son mythique tournoi du Grand Chelem qu’elle ambitionne de remporter un jour.
Arthur FRAND
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