Bernard Giudicelli : « Cette finale, c’est du 50/50 ! »

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À quelques heures de l’épilogue de la 107e édition de la Coupe Davis entre Français et Belges, le président de la Fédération française de tennis (FFT) analyse les enjeux de ce grand rendez-vous. Le format de la compétition, le choix du stade Pierre-Mauroy, l’adversaire belge, le groupe français… Il décrypte tous les sujets. Avec ambition et passion.

La Coupe Davis : un patrimoine à sauvegarder

« La Coupe Davis est une compétition très prestigieuse. La France en a déjà gagné neuf (1927, 1928, 1929, 1930, 1931, 1932, 1991, 1996, 2001). Que représente-t-elle pour le tennis tricolore ?

La Coupe Davis fait partie de l’ADN du tennis français ! C’est d’ailleurs grâce à elle que nous avons notre stade de Roland-Garros. Car les Mousquetaires gagnent le Saladier d’argent en 1927, à Philadelphie (États-Unis). Du coup, en 1928, on construit un stade pour défendre ce titre. Et on le gagne cinq ans de suite ! Puis il y a eu cette énorme période de 59 ans sans Coupe Davis gagnée entre 1932 et 1991. Avant les trois victoires d’après-guerre. Aujourd’hui, on attend la mythique dixième…

Cette année, la France a atteint la finale, certes. Mais, pour cela, elle a battu le Japon sans Kei Nishikori, la Grande-Bretagne sans Andy Murray et la Serbie sans Novak Djokovic. Une victoire dans cette compétition a-t-elle la même valeur aujourd’hui ?

La Coupe Davis récompense les nations dont les joueurs s’investissent le plus. Qui arrive en finale ? Les deux nations dont les meilleurs joueurs ont joué. Donc il ne faut pas aujourd’hui dévaloriser les résultats de ces joueurs-là.

On a quand même l’impression que la Coupe Davis a perdu de sa saveur…

Oui, c’est une réalité. Et ça fait partie de ce que j’appelle les signaux faibles. Si les meilleurs joueurs ne jouent plus, ça veut dire que la compétition perd de son attractivité. Donc l’ITF (la Fédération Internationale de Tennis) s’est réunie la semaine dernière à Minsk (Biélorussie). Elle a d’ores et déjà jeté les bases de la réforme de la compétition. Ce week-end, à Lille, nous aurons une réunion du comité de la Coupe Davis, que je préside. À cette occasion, nous allons travailler sur le futur format.

 

Le stade Pierre-Mauroy : promotion, localisation et passion

Source : France 3 Hauts-de-France

Concernant la finale de ce week-end, pourquoi revenir au Stade Pierre-Mauroy (Villeneuve-d’Ascq) et ne pas la faire autre part dans le pays ?

Il y a des normes imposées par la fédération internationale. Le stade doit faire minimum 12000 places. Et puis, le stade de Pierre Mauroy est juste magnifique ! Offrir à la Coupe Davis un tel écrin pour une finale, et là c’est le dirigeant international qui parle, c’est assurer une promotion énorme de l’épreuve. Organiser une finale de Coupe Davis dans un stade qui fait 9 000 ou 12000 places, c’est bien. Mais organiser une Coupe Davis à 27 000 (places) ça va lui donner une résonance énorme !

Lille est située à une vingtaine de kilomètres de la frontière belge. Cette proximité a-t-elle joué dans le choix du Stade Pierre-Mauroy pour accueillir la finale ?

Tout à fait ! Parce que la Coupe Davis, c’est un défi : celui de la conquête ou de la défense. Et on s’est dit avec le capitaine qu’on devait choisir Lille pour sa proximité de la Belgique, pour cette confrontation entre deux pays qui sont des amis, et qui ont une culture commune. Et on sait très bien que ça peut générer une ambiance de dingue !

Pensez-vous que les supporters puissent jouer un rôle important lors de la rencontre ?

Évidemment ! C’est sans doute l’ingrédient que la Fédération avait un peu négligé sur la finale de 2014 (déjà à Pierre-Mauroy, perdue par la France face à la Suisse). Donc pour le coup, là, on n’est pas passé à côté.

 

La Belgique, un adversaire redoutable

David Goffin est le leader de l’équipe belge pour cette finale. Ces derniers temps, il impressionne… Il a notamment atteint la finale du Masters de Londres. Son profil vous plaît-il ?

David vient de faire un parcours magnifique. Il incarne aujourd’hui une forme de tennis auquel personne ne s’attend. On s’attend toujours à des grands serveurs. Lui est un très bon relanceur. Physiquement, il est impressionnant !

Le numéro deux belge, Steve Darcis (76e au classement ATP) est méconnu. Le double ne jouit pas d’une grande réputation. Ces confrontations s’annoncent-elles plus faciles ?

Je ne crois pas. Ils ont un très bon numéro 2. On connait son importance quand il faut finir la rencontre (Steve Darcis n’a jamais perdu un cinquième match de Coupe Davis). Concernant le double, on est sans doute supérieur sur le papier. Mais un double de Coupe Davis, ce n’est pas un double de l’ATP.

 

La France est prête

Source : L’Equipe

Dans quel état d’esprit est le groupe tricolore à quelques jours de la finale ?

Je sens le groupe concentré, je sens le groupe concentré sur son sujet. Et j’ai envie de dire que je laisse surtout le capitaine et le groupe dans son projet. Ce sera avant tout leur résultat, quoi qu’il arrive, et c’est l’esprit même de la Coupe Davis, créer ce groupe de copains.

Quelles sont donc les chances de l’équipe de France ?

Une finale c’est 50/50. Aujourd’hui quand j’entends une finale c’est 70/30… Non, une finale par définition, c’est 50/50. Quand les joueurs vont entrer sur le court, ils auront tout le poids de l’émotion. Et pour moi, les meilleurs seront ceux qui seront capables de gérer cette émotion.

Cet été, pendant Roland-Garros, vous aviez pointé les carences mentales des joueurs français. Cette fois-ci, les Bleus sont-ils prêts pour la finale ?
Oui, ils sont prêts. Ils se sont préparés à cette rencontre de façon très professionnelle, très rationnelle, très structurée. Ils ont su mettre de côté ce qui était de l’ordre du paraître, pour rester sur l’être et la volonté de gagner. »

 

Propos recueillis par Roxanne Lacuska, Juliette Michenaud, Clément Commolet et Kevin Saroul

Photo : Arthur Pineau

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