Yannick Noah est rentré dans l’histoire du tennis. Après 1991 et 1996, le capitaine français a remporté une troisième Coupe Davis. Une performance rare. Seules trois personnes l’avaient réalisée avant : Neale Fraser (avec l’Australie en 1973, 1977, 1983 et 1986), Niki Pilic (avec l’Allemagne en 1988, 1989, 1993 puis la Croatie en 2005) et Hass Olsson (avec la Suède en 1984, 1985 et 1987). Mais la singularité, pour Noah, est qu’il y a vingt-six ans d’écart entre la première et dernière victoire. On décrypte ce succès… en musique.
Une victoire métissée
Il aurait pu fanfaronner. Se vanter d’avoir ramené la France à la tête du tennis mondial, seulement deux ans après sa prise de fonction. Mais Yannick Noah a le sens du partage. Les premiers mots que le capitaine français a eu, ce dimanche en conférence de presse, étaient destinés à ses prédécesseurs. « J’ai eu la chance d’avoir eu la possibilité de parler avec Guy Forget, qui a connu ces joueurs pendant dix ans. Ainsi qu’avec Arnaud Clément. Aujourd’hui, on a gagné cette finale. Et ils font partie de cette aventure. » La France a gagné cette année sous l’autorité de Yannick Noah. Mais le sacre français provient de multiples horizons et générations.
La France a dansé
Après le match, les joueurs français ont exulté avec leur capitaine. Pendant la remise du trophée, Yannick Noah s’est posté devant les supporters, a commencé à chanter avec eux, et a lancé une Marseillaise reprise spontanément par tout le public. Pas de Saga Africa comme en 1991. Le capitaine a vieilli, mais profite toujours autant. « Aujourd’hui, je suis heureux car je vais pouvoir filer ma coupe à mon dernier gamin, il a 14 ans. Tous mes enfants en ont eu une. Jo (Jo-Wilfried Tsonga, ndlr) va mettre son fils dans la coupe, raconte-t-il, hilare. Il aura tous les tontons autour de lui. On va passer une putain de soirée. » Ça devait bien danser, hier soir et jusqu’au matin, dans l’hôtel de l’équipe de France.
Yannick ose
Pour cette finale de Coupe Davis, Yannick Noah a osé. Il a fait des choix tranchés. Le premier : écarter Nicolas Mahut et Julien Benneteau des quatre dernières places. Puis, le capitaine français a conservé sa confiance en Lucas Pouille, malgré la lourde défaite contre David Goffin le vendredi. « Ça devait être écrit que Lucas gagne chez lui. Il fait un match fantastique », a-t-il expliqué en conférence de presse. Le destin ? Le capitaine de l’équipe de France l’a forcé. Il a toujours fait tourner son effectif, puisque depuis le départ de la Coupe Davis, Nicolas Mahut, Gilles Simon ou Jérémy Chardy ont aussi participé à forger le succès tricolore. Le tour de force, c’est d’avoir réussi à garder une équipe unie autour d’un même objectif. Pari osé, mais réussi.
Les lions
Yannick chante les lionnes. Mais ce dimanche, il avait des lions en cage de Pierre-Mauroy. « Quand on ne gagne pas pendant seize ans, tout le monde s’habitue à perdre, explique le capitaine français. En demi-finale, ça m’a défoncé la gueule, cette culture de la loose. C’est dur, très dur. On joue plus contre l’adversaire, mais contre des gens de notre pays, voire de notre équipe. » Hier, on a clairement vu une vraie rage de vaincre. Quand Lucas Pouille a réussi sa première balle de break, dans son premier set contre Steve Darcis, toute l’équipe, réunie sur le banc, a hurlé de joie. Lucas Pouille résume bien l’esprit que Yannick Noah a transmis au sein de l’équipe de France : « J’étais très tendu dans les vestiaires, mais je n’avais qu’une seule envie, rapporter le trophée. » Les lions français sont vraiment des rois.
Son eldorado
Une troisième victoire en Coupe Davis pour le capitaine Noah, c’est forcément une immense émotion. Le principal intéressé l’a confié. « J’espère que vous avez kiffé notre aventure. On a vécu une semaine de malade, je n’ai jamais vu autant de larmes, de sueur et de joie. » Yannick Noah n’a eu besoin que de deux ans pour ramener la Coupe Davis côté français, après seize ans sans victoire. La déception croate de l’an dernier est oubliée. « C’est dur de trouver des mots. On en a rêvé de ce moment, vous ne pouvez pas imaginer. » Le travail a payé, Yannick Noah est un entraîneur comblé. Et un homme heureux.
Destination ailleurs ?
Alors maintenant ? Yannick Noah va-t-il prolonger l’aventure en 2018, et viser un onzième saladier avec l’équipe de France ? « Je vais parler avec les gars. Comme d’habitude après chaque saison, on va débriefer. On va devoir voir ça vite car l’alcool va couler à flots », ironise-t-il. Le message est clair : on profite d’abord, on tranchera plus tard. Mais Yannick Noah ne semble pas avoir envie d’arrêter l’idylle. « On a envie que ça recommence, je suis motivé pour revivre des choses comme ça, pour les gens que j’aime. Des moments comme ça, putain, ça vaut la peine. » Avec cette victoire, l’histoire d’amour entre l’équipe de France et Yannick Noah ne semble pas près de s’arrêter.
Baptiste Allaire et Clément Commolet
Photo : Fédération Française de Tennis
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