Clément Kubiak prend à revers ses tourments

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Clément Kubiak a atteint la finale du tournoi international U14 Loire-Atlantique en 2019. Photo DR.

Depuis l’âge de 3 ans, Clément Kubiak fait du tennis son quotidien. À 16 ans, il s’épanouit maintenant dans son jeu ultra-offensif. S’il a dû polir une mentalité de « gentil » qu’il a transformé en un état d’esprit de battant, la route est encore longue vers une réussite aussi incertaine qu’espérée. 

«On a perdu notre grand-père il y a 3 ans, Clément n’y arrivait plus ». Ces quelques mots laconiques, signés Florian Dias, ressemblent à une triste histoire de famille. Ce dernier, son entraîneur de tennis pendant près de trois saisons, fut un témoin privilégié des difficultés psychologiques, parfois parasites que son frère, Clément Kubiak, a connu plus jeune. « Pour ça comme pour le reste, on en a parlé, parfois très longtemps. Ça nous arrivait d’arrêter l’entraînement après 10 minutes et de parler sur le banc pendant deux heures pour comprendre ce qui n’allait pas », confie Florian. S’il a maintenant laissé la main à Bruce Liaud, le nouveau coach de Clément, il continue de suivre au quotidien son protégé. 

Depuis 2019, le tennisman a intégré à plein temps le Pôle espoirs de Poitiers. « Il était prêt mentalement », assure Bruce, qui lui a proposé de le rejoindre pour continuer sa progression. Car pour le joueur de 16 ans, cela n’aurait pas été forcément possible quelques années avant. « Jusqu’à mes 10 ans, je ne perdais jamais. Et puis au moment de mes premières défaites je n’ai pas compris. Et vu que je ne voyais pas le problème, je lâchais les matchs sans aucune raison », se rappelle le jeune joueur. 

Empoignade fraternelle entre Clément et Florian. Photo DR.

« Abandonner (…) c’est inadmissible »

 « Il n’avait pas le cadre », selon son entraîneur. Il a fallu du temps à Clément pour franchir ce cap et grandir. Si physiquement cela s’est fait rapidement (il mesure 1,86 m), mentalement, il a dû prendre son mal en patience : « On lui a fait comprendre qu’il avait le droit de perdre. Mais ce qui était interdit, c’était d’abandonner et de lâcher des matchs. Ça, c’est inadmissible », glisse l’entraîneur du Pôle. 

Cette approche positive et conquérante est aujourd’hui nécessaire pour le garçon originaire de Vitry-sur-Seine, en raison de son style de jeu. « J’aime attaquer, aller de l’avant. Je me sers beaucoup de mon service qui est mon arme numéro un. Je m’inspire de Jannik Sinner ou Alexander Zverev, qui sont très offensifs », confie Clément.

La réussite dans cette façon de jouer a pourtant un prix : « Il a besoin d’enchaîner les matchs. Par exemple une semaine il peut ne pas être en réussite du tout avec son jeu à risques et perdre au premier tour. Mais la semaine suivante, il peut prendre de la confiance et tout exploser », détaille avec expérience son frère. Malheureusement pour lui, depuis plus d’un an, la pandémie de Covid-19 a freiné sa progression. Le pensionnaire du club de Thiais (Val-de-Marne) n’a joué que 12 matchs au cours des 12 derniers mois, contre 35 durant la saison 2019.

Déjà champion d’Europe 

Si sa meilleure performance reste une finale au prestigieux tournoi international U14 de Loire-Atlantique, le cadet de la famille Kubiak a déjà eu l’occasion de garnir son armoire à trophées. « J’ai eu la chance d’être champion d’Europe U14 en 2019 avec l’équipe de France. C’était un moment génial. Représenter mon pays et gagner dans “notre” Coupe Davis c’est inoubliable », se rappelle, encore ému, l’adolescent.  

Clément Kubiak (2e à gauche) champion d’Europe avec l’équipe de France U14 en 2019. P

Un succès loin d’être anodin, qui a pleinement fait partie de son évolution : « Cet effet de groupe m’a poussé vers le haut et je me suis découvert un peu plus, aussi bien dans ma capacité à me surpasser pour les autres que dans la vie en communauté ». Et lorsqu’on lui demande ce qui a le plus changé chez lui au cours des dernières saisons, il n’hésite pas : « Je suis un vrai compétiteur maintenant ! ». C’est cette prise de confiance et d’assurance qui ont marqué un déclic dans son début de carrière. « Maintenant, il s’attarde plutôt sur l’évolution tennistique. Ce n’est pas la fin du monde s’il ne gagne pas un  tournoi, car il sait que ça va finir par payer », assure son entraîneur. 

Si, pour l’heure, les résultats ne sont pas à la hauteur de ses attentes, avec une 826e place mondiale chez les Juniors, tout le monde est persuadé qu’il ira plus haut, à commencer par son frère, qui juge « sa marge de progression énorme ». Dès lors, ils discuteront peut-être à nouveau des heures durant sur un banc… Mais des succès de Clément cette fois. 

Raphaël REDON

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