Né en Guadeloupe, Enzo Pierrot a quitté sa famille à seulement onze ans pour rejoindre la France métropolitaine. Son sens des responsabilités lui a permis de digérer parfaitement ce départ précoce pour poursuivre sa progression.
Une vaste étendue de sable fin, des palmiers et une eau azur font de la plage Saint-François un décor de carte postale. « C’est un peu l’endroit paradisiaque de la Guadeloupe, celui que je préfère. » Blessé à l’épaule depuis le mois de janvier, Enzo Pierrot est rentré aux Abymes, sa ville natale, durant sa convalescence. Le temps de se ressourcer en Grande Terre qu’il a quittée à onze ans pour rejoindre le CREPS de Poitiers. « J’ai commencé à faire des déplacements dès l’âge de huit ans. Je partais de chez moi pendant une semaine pour aller disputer des tournois à Saint-Barthélemy ou en Martinique, puis très vite dans l’Hexagone. » En septembre 2018, Enzo traverse l’Atlantique pour s’installer en métropole. Avec les changements drastiques que cela implique. « Le climat m’a fait un petit choc ! Je ne suis pas très frileux. Mais lorsque l’on joue dehors et que j’ai les mains gelées, c’est un peu galère. » Depuis son arrivée à Poitiers, il ne rentre que tous les deux mois en Guadeloupe pour des périodes de deux semaines. Mais être à plus de six mille kilomètres de chez lui ne l’impacte pas vraiment. « J’avais un peu d’appréhension dans un coin de ma tête, mais je savais très bien que le CREPS était le meilleur endroit pour s’entraîner à mon âge. Il y avait plus de plaisir que de peur. »
Autonomie et précocité
Concentré sur son désir de progresser, l’adolescent de 14 ans s’est rapidement habitué à sa nouvelle vie. « Son adaptation s’est faite très facilement car il est responsable et autonome », confie son entraîneur Jean-Baptiste Dupuy. Sur les courts, Enzo s’est aussi rapidement montré en avance sur les autres joueurs de son âge. Depuis son premier tournoi gagné en décembre 2013 à Petit-Bourg, où il était « habillé en orange », jusqu’à ses matchs d’aujourd’hui contre des adultes de 20 à 35 ans, le Guadeloupéen a gardé un état d’esprit irréprochable. « Il donne le maximum tous les jours à l’entraînement, poursuit son coach. Il a une maturité précoce qui est très intéressante. » Une mentalité d’autant plus précieuse à l’heure de soigner la première véritable blessure de sa jeune carrière.
Habitué à s’entraîner six jours sur sept, Enzo doit désormais rester au repos pour espérer reprendre la raquette au cours du mois de mai. Une période que le vice-champion de France U13 en 2019 traverse avec son sérieux habituel. « Ça commence à être un peu long, mais j’ai l’habitude de prendre mes responsabilités. Je pense que ce sont mes parents qui m’ont élevé comme ça. »
« Il est en réussite dans tout ce qu’il entreprend »
Mûr lorsqu’il s’agit de tennis, Enzo l’est également dans ses études suivies via le CNED. Avec deux ans d’avance, il termine son année de Seconde et se dirige vers des spécialités scientifiques. « Si je n’arrive pas à faire du tennis mon métier, j’aimerais me diriger vers la médecine. » Mais au-delà d’être un plan B pour son avenir, l’école est pour lui une manière de se détacher du tennis. Pour mieux s’y replonger à l’entraînement. « Quand on a cours, on s’habille comme si on allait en ville. Ça permet de garder un rythme et de penser à autre chose qu’au sport, même s’il y a toujours un peu de compétition avec les notes. » Son organisation et son autonomie lui permettent de parfaitement jongler entre ces deux aspects de son quotidien. « Sur le court comme en dehors, c’est la même chose. Il est en réussite dans tout ce qu’il entreprend », confirme Jean-Baptiste Dupuy. De quoi permettre à Enzo d’envisager le tournoi des Petits As, qui devrait avoir lieu en septembre, avec sérénité et ambition. Pour être définitivement comme un grand.
André Fontaine
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